MALGRÉ TOUT SURMONTONS LE DÉSESPOIR

(Crédit photo: Tert.am)

par Maral SIMSAR

En ce début d’année 2023, près de 120 000 Arméniens artsakhiotes, dont 30 000 enfants, sont au bord d’une catastrophe humanitaire provoquée par des pseudo-activistes écologistes azéris, qui bloquent depuis le 12 décembre 2022 le couloir de Berdzor (Latchine), seule voie d’accès vers l’extérieur reliant l’Artsakh à l’Arménie. Ce n’est un secret pour personne que l’objectif visé par l’Azerbaïdjan est de forcer les Arméniens à quitter leur patrie et de réaliser une purification ethnique.

La réaction de la communauté internationale s’est manifestée sous la forme de déclarations exprimant l’inquiétude des auteurs face à la crise humanitaire ou appelant les parties à résoudre le conflit à travers des négociations et parfois demandant à l’Azerbaïdjan de débloquer la route. Ces appels n’étant pas assortis de mesures concrètes telles que des sanctions pour contraindre le pays agresseur à mettre fin à ses agissements, le président Aliev se sent libre de poursuivre sa politique de nettoyage ethnique en toute impunité, laissant craindre le pire pour l’Arménie et l’Artsakh…

La situation semble être dans une impasse et le risque d’une nouvelle guerre reste très élevé selon les experts. D’autre part, la ligne politique menée par les dirigeants d’Arménie et d’Artsakh pour désamorcer cette crise et de manière générale, assurer la sécurité de la population et défendre la souveraineté de l’État arménien s’avère difficile à déchiffrer. Les pressions politiques extérieures et les menaces militaires y sont certes pour quelque chose mais le manque de clarté et les contradictions dans les communications des autorités empêchent une consolidation de la population, si nécessaire en périodes de turbulence comme celle que nous traversons actuellement.

Dans la diaspora, l’ambiance de désespoir et de frustration qui y règne depuis la guerre de 44 jours ne favorise aucunement la mise en œuvre d’actions concertées visant à soutenir les peuples d’Arménie et d’Artsakh dans leur combat existentiel. L’absence d’un message clair émanant des dirigeants arméniens d’une part, et le manque de réactivité et d’adaptabilité des structures communautaires d’autre part, ont une incidence majeure sur notre incapacité à mener un travail collectif efficace en faveur de la mère patrie.

Il ne s’agit pas de minimiser les actions entreprises par certaines associations et personnes à titre individuel, notamment par la publication d’articles dans la presse, l’envoi de lettres à des organisations internationales ou à des personnalités politiques. Il y en a eu plus d’une dizaine en Suisse mais elles n’ont pas abouti à des mesures concrètes en vue de desserrer l’étau qui étrangle l’Arménie et l’Artsakh.

Contrairement à nos adversaires, nous n’avons naturellement pas les moyens d’influencer la politique des pays d’accueil pour faire pencher la balance en faveur de l’Arménie au détriment des intérêts liant ces pays à l’Azerbaïdjan et la Turquie. Cependant, l’efficacité des amitiés que nous avons nouées toutes ces années avec les milieux politiques devrait nous interpeller. Le temps est venu pour nous de remettre en question nos structures communautaires et leur mode de fonctionnement avec l’objectif d’optimiser l’utilisation de nos ressources limitées et de maximiser les résultats visés. Dans cette perspective, il serait important d’être plus actif et entreprenant sur le plan politique en soutenant davantage les élu(e)s qui prennent position publiquement en faveur de l’Arménie et de l’Artsakh et en nous montrant plus exigeants envers ceux et celles qui se contentent de faire des déclarations de courtoisie sans prendre une position sans équivoque sur les questions qui nous intéressent.

Espérons que la nouvelle année sera témoin de la reprise de nos forces dans le monde entier nous permettant de surmonter cette épreuve comme nous l’avons fait à maintes fois tout au long de notre histoire.

2023-01-21T23:39:06+01:00 21.01.23|ÉDITORIAL|