Crédit photo: saintingnatiusmaloyan.com)

Maral SIMSAR

Depuis plusieurs mois, la confrontation grandissante entre le Premier ministre Nikol Pashinyan et le Catholicos Garegin II occupe le devant de la scène politique et médiatique arménienne déchaînant de vives passions tant en Arménie que dans la diaspora. En cette période marquée par des discours et actions dépassant les limites éthiques et morales acceptables, s’est produit un évènement d’importance majeure pour les Arméniens du monde entier, qui n’a pas reçu toute l’attention qu’il mérite.

Le 19 octobre 2025, au cours d’une messe solennelle célébrée sur la place de la basilique Saint Pierre du Vatican, le pape Léon XIV a canonisé sept bienheureux de l’Église catholique dont l’archevêque arménien catholique Ignace Maloyan, martyr du génocide des Arméniens.

Né le 19 avril 1869 à Mardin, dans l’Empire ottoman, Mgr Ignace (Choukrallah) Maloyan est entré à l’âge de 14 ans à l’Institut clérical patriarcal de Notre-Dame de Bzommar, et a été ordonné prêtre en 1896 sous le nom d’Ignace. L’année suivante, il a été envoyé en mission en Égypte où, ses qualités ont été remarquées par le patriarche Boghos Bedros XII Sabbaghian, qui l’a nommé son secrétaire privé en 1904.

En 1911, il a été élu archevêque de Mardin. Le 3 juin 1915, des officiers turcs l’ont arrêté avec 27 membres de sa communauté. Il a été torturé et condamné à mort pour trahison avec ses ouailles. Le chef de la gendarmerie, Mamdouh Bey, leur a offert d’être graciés s’ils se convertissaient à l’islam. «Nous n’avons jamais été infidèles à l’État… mais si vous voulez nous demander d’être infidèles à notre religion, cela jamais, au grand jamais», a répondu Mgr Maloyan. «Cela jamais», ont répété ses fidèles. L’archevêque a été abattu d’un coup de revolver.

Plusieurs décennies plus tard, l’Église catholique a reconnu sa mort comme un veritable martyre in odium fidei c’est-à-dire, à cause de sa foi chrétienne.

Le 7 octobre 2001, le pape Jean-Paul II l’a béatifié à Rome et en 2024, le pape François a approuvé sa canonisation. Saint Ignace Maloyan sera fêté chaque année le 11 juin, jour de son martyre.

Cette canonisation transcende la sphère nationale arménienne par sa profonde signification. Maloyan devient un symbole universel du martyre à l’ère moderne. Sa canonisation représente également un cas sans précédent dans lequel l’Église catholique canonise une victime du génocide arménien, soulignant l’existence d’une blessure historique qui n’est pas encore complètement cicatrisée.

Pour le peuple arménien, la canonisation de Maloyan est une réaffirmation de son héritage spirituel et de son identité chrétienne.

Aujourd’hui, les valeurs et les principes relevant de cette identité que nous revendiquons haut et fort manquent terriblement aux dirigeants politiques et religieux arméniens qui font peu de cas du tort que leurs actes causent à l’image du premier État chrétien. Les conséquences d’une telle attitude risquent d’être irréversibles si la sagesse et le bon sens ne prennent pas le dessus rapidement.