ENTRETIEN AVEC LE PERE GOOSSAN ALJANIAN

Par un communiqué du 10 avril 2014 diffusé par le Comité de la Paroisse de Genève et de la région lémanique, nous avons été informés que le Père Goossan ALJANIAN, prêtre de l’Eglise Saint Hagop à Troinex, a été nommé locum tenens du Diocèse arménien de Suisse dès le premier avril 2014 par décision de Sa Sainteté Karékin II. Notre rédaction tient à féliciter le Père Goossan dans sa mission et présente une interview récemment réalisée avec lui.

Le Père ALJANIAN, qui est né en Turquie en 1965, a accompli sa scolarité obligatoire à Istanbul (école primaire arménienne) puis à Jérusalem (école secondaire au séminaire du patriarcat arménien). Après avoir fait des études théologiques supérieures de 1981 à 1984 au Patriarcat arménien de Jérusalem, il fut consacré prêtre par le Patriarche de Jérusalem. Il a également fait des études de musique et de danse à l’Académie Rubin à Givrat Ram et possède un mastère délivré par le département musicologie de l’Université hébraïque. Il a tenu des postes à responsabilité (vice-doyen et doyen du séminaire théologique arménien de Jérusalem, enseignant de musique liturgique et de l’histoire de l’Eglise arménienne, secrétaire du synode du patriarcat de Jérusalem), donné plusieurs concerts et conférences sur l’histoire de l’Eglise arménienne, de la théologie et de l’art en Israël et à l’étranger. Il a également été curé de la communauté arménienne de Jaffa et de Haïfa de 1985 à 1987, membre du cercle œcuménique des amis de la Terre Sainte de 1990 à 2013 et membre de l’organisation interconfessionnelle en Terre Sainte. Hormis sa langue maternelle, le Père ALJANIAN, de son nom de passeport Hüsnü ALCAL, parle l’anglais et le turc et a de bonnes connaissances en hébreu. Il a également des connaissances en arabe.

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Quels sont les défis auxquels est confrontée l’Eglise apostolique arménienne aujourd’hui dans la diaspora? Quels sont les moyens mis en place pour relever ces défis?

L’Église apostolique arménienne est très riche en valeurs morales et religieuses, inspirations et traditions. Depuis les premiers temps de la chrétienté, l’Église arménienne a été simple. Cependant, au moyen âge, elle a été imprégnée de cérémonies et de doctrines d’origines étrangères. Aujourd’hui elle a besoin de se réformer et de s’adapter à la vie moderne. Ce besoin fut ressenti avec plus d’acuité lors des derniers cinquante ans non seulement par les laïques, mais également par le clergé. Même le siège pontifical à Etchmiadzine a officiellement soulevé cette question de réforme et celle-ci est actuellement à l’agenda et devrait être résolue et mise en place dans un futur proche.

L’Église apostolique arménienne fut le centre d’inspiration de l’État arménien pendant longtemps dans le passé comme elle l’est maintenant. La modernisation sera bien sûr utile aux gens dans la mesure où elle apportera une simplicité apostolique, un enthousiasme et un esprit missionnaire. Par conséquent, ce dont l’Église a le plus besoin aujourd’hui sont le renouveau, les réformes et la communion.

Eglise Saint Hagop de Troinex

Quel est le rôle et quels sont les objectifs du Diocèse arménien de Suisse au sein de notre communauté?

L’Église apostolique arménienne et la famille arménienne constituent un seul et unique corps de croyants. La position de l’Église par rapport à la participation des laïques dans les affaires de l’église et les questions nationales a toujours été positive, optimiste et encourageante. En sus de leur participation à des rituels, les laïques prennent part de manière efficace et bénéfique dans toutes les autres tâches de la vie ecclésiale. Ils sont membres des assemblées représentatives nationales et diocésaines et des conseils paroissiaux. Tous les membres et officiers des organisations en relation avec l’Église sont exclusivement des laïques. Les gardiens, protecteurs, conseillers, mandataires, bienfaiteurs, donateurs et plusieurs autres personnes en lien avec l’Église, sont tous des laïques. De surcroît, ces derniers jouent un rôle dans les rituels des sacrements et autres services. Pour le baptême et la cérémonie du mariage, nous avons le parrain et la marraine ainsi que les diacres et ecclésiastiques. En un seul mot, le clergé et les laïques se complètent et travaillent main dans la main harmonieusement dans le but d’accomplir leur mission et de parfaire la vie de notre Église et de notre communauté. Rien n’a changé. Aujourd’hui le clergé et la communauté se doivent de travailler ensemble afin de faire face aux défis actuels et de trouver des solutions à des problèmes critiques. Dans la dispersion que nous connaissons de nos jours, peut-être serait-il nécessaire de se chercher dans nos communautés et de remplacer le «Je» égocentrique et le «Mien» de la possession par l’idée du «Notre» en commun au sein du Diocèse arménien de Suisse. En bref, les laïques doivent être profondément concernés par les valeurs durables de notre nation et Église. L’utilisation de notre langue maternelle, la préservation de nos traditions, la protection de notre vie de famille sacro-sainte, doivent occuper des places prépondérantes dans la vie de nos laïques s’ils veulent prendre part dans la mission que s’est fixée notre Église. Ils doivent marcher dans les sillons creusés par nos aïeux afin d’être les dignes successeurs et les légataires de notre passé glorieux.

Comment pensez-vous rassembler la communauté autour de l’Église?

L’Église arménienne n’est pas uniquement une institution religieuse. Nous sommes à la recherche de Dieu qui crée en nous une nouvelle famille: la famille de la jeunesse. La jeunesse est notre avenir et elle est avide d’affronter de nouveaux défis: trouver le sens de la vie, servir l’humanité et plaire à Dieu. Chaque jeune arménien est membre de l’Église arménienne. Chaque jeune arménien doit se sentir concerné par le renouvellement de notre Église en la fréquentant régulièrement et en prenant part à ses activités. Je m’adresse à vous en évoquant le message de l’apôtre Saint Paul: «Le corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres … » (1 Corinthiens 12 :12). Comme les autres parties ont des fonctions différentes, la jeunesse a un rôle à jouer au sein de l’Église arménienne. Ce que je suis en train de vous transmettre est que la jeunesse de notre communauté en Suisse doit jouer une part active, unie dans un corps. Je pense que la jeunesse se trouve au cœur de l’Église et si le cœur fonctionne avec des battements réguliers, le corps sera bien portant.

(Propos recueillis et traduits par Ara Simsar)

2017-12-01T23:45:37+01:00 15.05.14|COMMUNAUTÉ, INTERVIEWS|

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