L’ARMÉNIE DEVIENT TERRE D’ACCUEIL!

Zariné Harutunyan et Mariné Tunyan

L’Arménie a durement ressenti l’impact  du conflit syrien. En effet, pays plutôt mono-ethnique, elle  a reçu environ 11000 personnes déplacées,  en   majorité d’origine arménienne certes,  mais qui  ne parlent pas l’arménien oriental. Le pays  a donc été confronté à une situation très difficile, en particulier pour intégrer des familles récemment arrivées et des individuels.  Le flux continu depuis le début de la crise a créé une forte pression sur la capacité du pays à répondre aux demandes pressantes.

Beaucoup d’organisations différentes, dont prioritairement le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies en Arménie), ont apporté leur soutien au gouvernement arménien pour répondre aux besoins de protection et d’assistance des réfugiés. Et actuellement un bon nombre d’organisations gèrent des programmes visant à apporter l’assistance requise aux familles déplacées de Syrie. La plupart de ces programmes se focalisent sur l’aide matérielle,  qui est évidemment primordiale. Ceci étant dit, ces mêmes familles se trouvent confrontées à d’importants défis relatifs à leur intégration. En particulier parce que la plupart d’entre elles  n’étaient jamais venues en Arménie auparavant, et donc ne connaissent pas l’environnement social, économique et culturel du pays. Et que, vu leurs problèmes de langue, elles peinent à communiquer avec la population locale.

Reconnue comme une partenaire du HCR depuis le début de cette année la Fondation Humanitaire Suisse KASA s’investit fortement, surtout avec des jeunes et des familles syriennes, pour faciliter leur intégration  socio-culturelle. Et possède de bons outils pédagogiques pour le faire, vu qu’elle a  développé ces dernières années des approches non-formelles et axées sur la citoyenneté.

C’est ainsi qu’actuellement la Fondation encadre des jeunes réfugiés en Arménie, en particulier  dans les activités qui se déroulent dans ses centres de Erevan et Gumri. A savoir, un projet d’éducation civique visant à promouvoir l’autonomie, l’esprit d’initiative et d’ouverture des jeunes arméniens; plusieurs formations en vue de faciliter l’intégration professionnelle des réfugiés arrivés récemment, des cours d’entreprenariat,  de guides; mais aussi des formations  pratiques, à la cuisine et à la coiffure, en coopération avec d’autres partenaires. La plupart de ces activités se réalisent dans des groupes mixtes, qui mêlent les nouveaux arrivants aux jeunes arméniens locaux, ce qui favorise l’intégration, objectif majeur de ce projet.

Mais il y a une seconde activité dont nous voudrions parler plus spécifiquement, qui vise à construire des ponts entre les gens et les cultures, nommée «accueillir une famille». Elle veut apporter assistance aux familles de réfugiés et de demandeurs d’asile, ainsi qu’aux familles déplacées de Syrie, arrivées récemment,  qui se trouvent  dans une situation de quasi-réfugiés. A leur arrivée en Arménie ces familles – dites familles protégées–  sont prises en charge  par de jeunes bénévoles locaux,  qui peuvent compter sur leurs propres familles – dites familles d’accueil – pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants. Les familles d’accueil, et tout particulièrement  les jeunes bénévoles, conscients des caractéristiques socio-économiques, culturelles et éducatives des familles  protégées,  grâce aux formations reçues dans les clubs qu’ils fréquentent chez nous, donnent des conseils pratiques, apportent une aide d’urgence et  répondent aux questions générales. De surcroît les familles d’accueil organisent pour leurs protégés des visites guidées de la ville ainsi que des activités culturelles et sociales. Cela a un double impact : d’une part les familles récemment arrivées découvrent la société arménienne, ses valeurs et traditions ; d’autre part les bénévoles et leurs familles acquièrent une vision plus ouverte de la situation de ces personnes déplacées de force et de leurs situation antérieure en Syrie. De la sorte ce projet contribue fortement au développement d’une communication interculturelle entre Arméniens et familles déplacées de Syrie,  ainsi qu’au renforcement en Arménie d’une culture du partage et du soutien mutuel.

La  première étape du projet – concernant 17 familles sur 45 prévues – a démarré le 25 avril, et  se développe avec succès depuis lors. Nous sommes heureux de relever le fort investissement de nos bénévoles,  l’enthousiasme avec lequel ils initient les nouveaux arrivants à la vie locale, les accompagnent à une organisation qui leur distribue nourriture et habits, les aident à faire les démarches requises – souvent complexes ! –  pour obtenir  des permis de logement et scolariser leurs enfants ; voire  organisent des  moments plus festifs dans leurs différents lieux d’habitation.

Oui, c’est vraiment un grand plaisir de découvrir combien nos jeunes s’engagent pour tenter d’améliorer des situations le plus souvent dramatiques. Et on peut souligner que leurs efforts ne contribuent pas seulement à faciliter l’intégration des familles déplacées, mais aussi à créer un solide réseau, incluant les agences étatiques et les diverses organisations  qui soutiennent ces familles.

Ce que nous essayons de réaliser au sein de KASA, c’est  à la fois d’aider les personnes qui ont été déplacées contre leur gré à redémarrer leur vie et de sensibiliser la population locale au fait que ces réfugiés n’apportent pas seulement de la tristesse, mais aussi un vaste éventail d’expériences, de compétences et de connaissances, qui sont tout bénéfice pour notre patrie !

Zariné HARUTIUNYAN

Mariné TUNYAN

“KASA” Fondation  Humanitaire Suisse www.kasa.am

2017-12-01T23:43:07+01:00 15.07.14|ARMÉNIE & ARTSAKH, SUISSE-ARMÉNIE|

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