Les Arméniens ont toujours connu d’importants flux migratoires. Symbole de ces grandes migrations évoquées dans les poèmes et chansons, la grue (groung) est l’oiseau emblématique des Arméniens, qui quittent leur pays sans perdre l’espoir d’y revenir.
Chassés par d’innombrable guerres, invasions, pillages, massacres, et catastrophes naturelles qui ont caractérisé leur histoire, les Arméniens ont été contraints d’émigrer vers des contrés plus paisibles. C’est ainsi qu’à travers les siècles, les terres historiquement arméniennes se sont petit à petit vidées de leur population arménienne laissant la place aux peuples envahisseurs. Ce processus a atteint son paroxysme durant le génocide et les années qui ont suivi.
Après la soviétisation de la première République d’Arménie en 1920, le pays ne comptait que quelques 702’000 habitants. Cependant, grâce à la croissance enregistrée dans les décennies suivantes, la population a atteint 3’304’776 personnes en 1989.
La saignée démographique observée au cours des vingt dernières années provoquée principalement par les difficultés économiques qu’a connues le pays après l’indépendance de 1991 mais aussi par d’autres facteurs tels que le manque d’indépendance judiciaire et la corruption, ne cesse d’augmenter et suscite une grande préoccupation tant en Arménie que dans la diaspora.
Récemment, des chiffres alarmants ont été rendus publics par le service national arménien des statistiques. Pour la première fois depuis 35 ans, l’Arménie a vu sa population baisser en dessous de 3 millions d’âmes. La République comptait 2’988’600 habitants au 1er janvier 2016 soit 12 000 de moins qu’il y a une année. Selon les chiffres officiels, plus de 290’000 personnes ont quitté l’Arménie depuis 2008. Par ailleurs, selon le rapport des Nations Unies « Perspectives de la population mondiale 2015 », la population d’Arménie diminuera et atteindra en 2100 1’800’000 personnes!
Au vu de ces statistiques, les milieux concernés par l’avenir de l’Arménie tirent la sonnette d’alarme. En effet, il ne s’agit plus d’émigration mais de dépeuplement qui, d’ici peu, pourrait compromettre la viabilité de l’Etat arménien. L’exode a atteint de tels niveaux qu’il représente un danger important pour la sécurité nationale, les structures de l’Etat et le concept même de la nation arménienne. Dès lors, il est temps de se mettre sérieusement à l’œuvre pour assurer aux habitants de l’Arménie les infrastructures et conditions nécessaires leur permettant de créer une économie durable et prospère. Cela sous-entend naturellement l’assainissement du climat social et moral notamment en garantissant le respect des droits fondamentaux des citoyens et citoyennes, l’application équitable et uniforme des lois et l’éradication de la corruption. Si nous ne voulons pas devenir un peuple sans patrie, cet objectif devrait être une priorité pour les autorités arméniennes mais aussi pour les organisations de la diaspora, qui devraient prendre en urgence des mesures sincères et efficaces visant à inverser la courbe de l’émigration.
M. S.
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