106ème ANNIVERSAIRE DU GÉNOCIDE: UNE NOUVELLE MENACE D’EXTERMINATION

 

Yerablur (Photo crédit: B24.am)

C’est le cœur lourd et avec des sentiments mitigés que nous avons commémoré cette année les victimes du génocide de 1915. En effet, la guerre de 44 jours de l’automne dernier avec son terrible bilan de pertes humaines a ravivé notre mémoire collective des horreurs commises contre notre peuple au début du XXe siècle comme si l’histoire se répétait. En ce 24 avril, le mémorial du génocide de Tsitsernakaberd mais aussi le cimetière de Yerablur, où reposent les soldats tués dans la défense de la patrie, ne se sont pas désemplis tout au long de la journée.

Après la cession de vastes territoires en Artsakh et le transfert de terres communales de la province de Syunik dans le cadre de délimitation des frontières en faveur de l’Azerbaïdjan, ce dernier continue de détenir dans ses prisons plus de 200 prisonniers de guerre arméniens « en les soumettant à des traitements cruels et dégradants ainsi qu’à des tortures » selon un rapport de Human Rights Watch publié le 19 mars 2021, ce qui laisse craindre pour la vie de nos compatriotes.

Par ailleurs, les informations relatives à la destruction du patrimoine culturel arménien dans les territoires occupés paraissent régulièrement dans les médias, les exemples les plus marquants étant  la destruction de l’église Kanatch Jam à Chouchi et la démolition de l’église Zoravar Surb Astvatatsin près de Mekhakavan. Cela n’a rien d’étonnant puisque le président de l’Union des architectes d’Azerbaïdjan a déclaré en décembre 2020 que toutes les églises arméniennes sur le territoire de l’Artsakh devaient être détruites!  Le président Aliev, quant à lui, a appelé à effacer les inscriptions arméniennes des églises, les jugeant « factices » et attribuant les édifices aux Albanais du Caucase.

Ne s’arrêtant pas après avoir pris le contrôle de vastes territoires en Artsakh, le président Aliev s’en prend régulièrement à la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Arménie en prétendant que le Zangezur (actuellement Syunik) et même Erevan sont des terres historiquement azerbaïdjanaises. Ainsi, le 20 avril 2021, dans une intervention télévisée il a déclaré: « Si l’Arménie ne laisse pas construire son corridor au Sud de Syunik pour relier l’Azerbaïdjan au Nakhitchevan, nous le ferons par la force. J’avais dit avant et pendant la guerre qu’ils devraient quitter notre terre de leur propre gré sinon nous les expulserions, et c’est arrivé. La même chose se produira avec le couloir de Zangezur ». Les actes de provocation de ces derniers temps commis par l’armée azerbaïdjanaise contre les villages frontaliers de Syunik, ne sont-ils pas les prémices de la mise en exécution imminente de ces menaces?

D’autre part, le discours de haine contre l’Arménie et les Arméniens a atteint son paroxysme le 12 avril dernier avec l’inauguration à Bakou par le président Aliev du « Parc des trophées militaires ». Dans ce musée de l’horreur, gratuit pour les enfants, sont exposés des mannequins en cire grotesques représentant les soldats arméniens dans une mise en scène humiliante et déshumanisante. Le visiteur est invité à contempler le butin de guerre: des chars détruits, des restes de missiles et surtout des dizaines de casques de soldats arméniens tués pendant la guerre …

Dans ce contexte après-guerre, on peut voir se profiler à l’horizon une réelle menace d’extermination de la part du tandem turco-azéri qui ne cache pas ses intentions génocidaires. De ce fait, la déclaration du président américain Joe Biden à l’occasion de la journée de commémoration du 24 avril utilisant pour la première fois le mot « génocide » a certes été accueillie avec satisfaction mais sans euphorie par les Arméniens.

Face aux bouleversements géopolitiques importants qui sont en train de se produire dans la région, l’État arménien est à la croisée des intérêts des grandes puissances avec peu de moyens d’influencer le processus. La classe politique d’Arménie sera-t-elle capable de faire preuve de sagesse et de maturité politique adaptées à la situation complexe dans laquelle l’Arménie et l’Artsakh se sont trouvés après la guerre? N’est-il pas temps de laisser de côté les conflits internes et de concentrer toutes les ressources en Arménie et dans la diaspora afin de prévenir l’anéantissement du peuple arménien?

M.S.

2024-01-26T14:38:08+01:00 06.05.21|ARMÉNIE & ARTSAKH, ÉDITORIAL|