INADMISSIBLE!

(Crédit photo: capture d’écran / youtube / Parliament of Armenia)

par Maral SIMSAR

Suite aux élections législatives anticipées du 20 juin dernier en Arménie, nous nous attendions à un apaisement du climat politique interne et au démarrage d’un processus visant à panser les séquelles de la guerre et à trouver des solutions aux nombreux problèmes qui accablent le pays sur les plans tant interne qu’externe. Malgré les fortes tensions et le discours de haine qui ont dominé la période pré-électorale, et nonobstant le passé controversé de certaines personnes entrées au Parlement, nous pensions que les nouveaux élus feraient l’effort de mettre de côté leurs divergences et de travailler ensemble pour sortir le pays du gouffre. Mais rien n’en fut au moins jusqu’au moment de la mise sous presse de ce numéro (fin août).

Bien au contraire, après les séances houleuses consacrées à l’élection des présidents des commissions permanentes du nouveau Parlement, nous avons assisté lors de la présentation du programme du nouveau gouvernement par le Premier ministre les 24 et 25 août, à des échauffourées suivies par une intervention musclée des agents de sécurité. Ce comportement honteux de la part des élus qui passent leur temps à s’accuser et s’insulter mutuellement est insoutenable notamment à un moment où la sécurité du peuple arménien en Arménie et en Artsakh est gravement compromise et le gouvernement subit de fortes pressions pour faire plus de concessions à l’Azerbaïdjan.

Depuis le 12 mai 2021, les incursions militaires azerbaïdjanaises à l’intérieur des frontières de l’Arménie et leurs provocations en Artsakh menacent l’existence des habitants des villages frontaliers et coûtent la vie aux soldats arméniens. Le nombre de ces derniers, qui s’élève à 24 après le cessez-le-feu et jusqu’à fin juin, s’ajoute aux 3773 militaires tués et 243 disparus pendant la guerre de 44 jours selon le bilan officiel.

Mais il existe un autre chiffre concernant la même période qui nous choque profondément: 42 décès hors combat, à savoir des suicides, des homicides et des décès dus aux accidents de voiture et au non-respect des règles d’utilisation des armes à feu. Ce fléau existe depuis fort longtemps et témoigne de l’environnement malsain qui règne dans certaines unités et de l’impunité dont bénéficient les responsables, mais après cette guerre avec son effroyable bilan, nous espérions que le com-mandement militaire chérirait et protégerait davantage la vie de chaque soldat. Mais visiblement ce n’est pas le cas! Rappelons que de nombreuses familles attendent encore le retour des prisonniers de guerre alors que la recherche des restes des militaires arméniens disparus pendant la guerre continue toujours dans les zones passées sous le contrôle de l’Azerbaïdjan. Dans ce contexte fort éprouvant pour la société arménienne, comment peut-on faire si peu de cas de la vie humaine?

Il est urgent que le Parlement prenne sérieusement ses responsabilités et fasse le nécessaire pour aider le gouvernement à mettre de l’ordre dans les institutions publiques et à relever les multiples défis auxquels l’Arménie et l’Artsakh sont confrontés. A cette fin, tout comportement incompatible avec l’éthique et les valeurs démocratiques doit être banni et toute atteinte à la dignité et à l’intégrité de la vie humaine doit être sévèrement punie.

2021-09-02T19:03:02+02:00 02.09.21|ARMÉNIE & ARTSAKH, ÉDITORIAL|