Cet automne KASA fête non sans émotion ses 25 ans: l’occasion de mesurer le chemin accompli !

Au départ une folle aventure, suite à des concerts donnés à Erevan par l’Atelier Vocal Komitas, créé en 1987 et dirigé par Sirvart Kazandjian. Avec des voyageurs suisses les chanteurs découvraient une jeune république se débattant pour exister malgré le  tremblement de terre de 1988, l’effondrement de toutes les structures économiques en 1991 et la guerre du Haut-Karabagh de 1992-94. Et s’émerveillaient de l’investissement des jeunes rencontrés.

Comment ne pas les soutenir ? C’est ainsi qu’est née l’association KASA – Komitas Action Suisse-Arménie – inscrite officiellement en Suisse. Puis reconnue comme Fondation humanitaire (KASA-FHS) en Arménie dès 2001, avec un Conseil d’administration et un contrôle très strict.

L’image de la pyramide de Maslow, proposant une hiérarchie des besoins – avoirs, savoirs, pouvoirs -peut résumer notre évolution.

12 ans durant (1997 à 2009) nous avons surtout répondu à des besoins de base en termes d’AVOIRS (manger, se vêtir, se soigner) sous forme d’un soutien matériel aux orphelinats 5 et 11 à Erevan et à 25-30 familles à Gumri.

Puis de constructions (avoir un toit) avec 40 chantiers :

• En faveur de l’État arménien: reconstruction ou réfection d’écoles à Gogaran (épicentre du séisme), Mastara, Talin, Akhurian, Gumri. Et de conservatoires: Sayat Nova à Erevan où Tigrane Hékékian dirige les Little Singers of Armenia, Cheram à Gumri.
• Pour la fondation Arabkir du docteur Babloyan: le Day Care Center, une aile de l’hôpital pédiatrique, le centre aéré d’Aparan.
• Pour l’ONG Shen de Haik Minassian, qui revitalise et renforce les villages, surtout frontaliers.
• Et pour KASA: bureau et B&B adjacents à Erevan et Centre de jeunes EspaceS, Centre Arevamanuk à Gumri.

Une folle aventure menée par de jeunes femmes francophones audacieuses, Gayané Karapetyan et Anouch Bezhanyan, grâce à d’extraordinaires synergies. Sur place, la collaboration avec le Suisse Leonardo Gmür, hélas décédé en mars 2005 dans un accident de voiture. En Suisse, le soutien inconditionnel de la Fondation Armenianos, et de multiples apports tant institutionnels – fondations, dont plusieurs arméniennes de Suisse, communes, paroisses – que privés. Avec le magnifique engagement du Comité suisse, porté par un réseau croissant d’amis, majoritairement des voyageurs rentrés conquis !

En parallèle nous avions mis en route des formations pour les jeunes: bourses d’études, cours, ateliers, accueil. Ce qui nous a amené, de 2009 à 2021, à la fin des constructions, à miser surtout sur les SAVOIRS, incluant savoir-être et savoir-faire. Moins pour doubler un système scolaire établi que pour susciter l’esprit d’initiative que requiert notre monde changeant.

Dynamique directrice de 2012 à 2017 Anahit Minassian et son équipe ont réalisé moult outils pédagogiques novateurs, visant tous à encourager la citoyenneté:  plate-forme d’E-learning en arménien sur moodle, jeux pédagogiques, ateliers interactifs, manuels. Avec des programmes très variés: espace de jeu pour 150 à 200 enfants à Gumri, clubs pour des milliers de jeunes citoyens à Erevan et Gumri puis dans les régions, formations de formateurs et de 400 guides touristiques, accompagnement para professionnel…

A partir de 2021, après le COVID et la guerre, nous soutenons – en primeur en Artsakh – la formation à l’entreprenariat social et solidaire, qui allie réussite personnelle et souci du bien commun. Bref, forts de notre expérience dans le développement agricole et dans de nombreux projets para professionnels, nous encourageons des POUVOIRS, entendez des capacités, empowerment. Et aussi des offres touristiques, avec l’accueil de plus de 2000 voyageurs, en alliant culture et rencontres. Une réussite qui nous a incité à créer en 2017 une Sàrl pour le tourisme. Celle-ci promeut de surcroît un tourisme interne, en développant des B&B et un programme à l’intention des familles.

L’unité derrière la diversité

KASA, touche-à-tout ? Notre unité se situe moins en termes de projets que de valeurs, inspirées du personnalisme. Un courant philosophique, né dans les années 1930 en France autour d’Emmanuel Mounier, qui propose de dépasser les dérives et du collectivisme et de l’individualisme, deux risques bien réels en Arménie, pour miser sur l’épanouissement global de la personne.

Au niveau du JE – reconnaissance des besoins physiques, affectifs, intellectuels, spirituels -, du TU – importance des relations interpersonnelles et du dialogue -, du IL – nos droits et devoirs -, pour déboucher sur un NOUS dynamique – ensemble – mot clef, alliant intérêt propre et souci d’autrui.

Un processus progressif, initié avec les enfants, qui découvrent leurs potentialités et se socialisent, continué avec les personnes précarisées et les jeunes, qui apprennent à s’investir dans leurs communautés, et élargi à travers des projets d’économie sociale et solidaire. Et renforcé par le fait qu’au niveau de nos collaborateurs-trices – surtout des jeunes femmes motivées – nous valorisons l’esprit d’initiative autant que les titres.

KASA est née de l’engagement de voyageurs bouleversés. Néophytes sans doute maladroits, nous sommes parvenus, forts du soutien de professionnels et grâce à d’excellentes directrices – aujourd’hui Tatevik Baghdassaryan -, à mettre en place une structure de 40 personnes, à la fois autonome et en lien étroit avec le Conseil d’administration, garant des valeurs et de l’orientation générale. Et qui réussit aujourd’hui la prouesse de trouver depuis l’Arménie quasiment les 2/3 des fonds requis !

Reste que KASA-FHS continue à compter pour le dernier 1/3 sur le soutien de tous les amis de KASA-CH. Le sérieux de notre évolution vous convaincra-t-il que l’aide que vous nous apportez contribue positivement au développement à long terme de notre chère Arménie ?

Monique Bondolfi, présidente de KASA

www.kasa.am