par Maral SIMSAR
Le Sommet mondial arménien, organisé par le Haut-Commissariat aux affaires de la diaspora, s’est tenu à Erevan du 28 au 31 octobre 2022 avec la participation de 600 personnes venues de plus de 50 pays. Il visait à servir de plateforme aux représentants de la diaspora et à leurs partenaires locaux pour discuter des défis et des problèmes d’importance universelle dans un nouveau format. L’ordre du jour du sommet comprenait des sujets tels que la sécurité nationale, la protection des intérêts arméniens, le développement des sphères stratégiques, le rapatriement, les investissements, la préservation de la culture arménienne, l’auto-organisation de la diaspora et d’autres questions d’intérêt pour l’Arménie et la diaspora. Cet évènement s’est distingué par le haut niveau des interventions des conférenciers, choisis pour leur compétence et expérience professionnelles. Les débats interactifs étaient animés par des modérateurs spécialisés dans leurs domaines respectifs. Répartis en 17 sessions et 9 tables rondes, ils étaient transmis sur Internet permettant aux Arméniens du monde entier de les suivre en direct ou en différé.
Ce sommet a eu lieu dans un contexte particulièrement difficile et tendu compte tenu des menaces existentielles qui pèsent sur l’Arménie et l’Artsakh depuis la guerre de 44 jours mais surtout en raison de la polarisation politique qui prévaut tant en Arménie que dans la diaspora. En effet, aucune des 6 Conférences Arménie-Diaspora tenues entre 1999 et 2017 n’a été la cible d’autant de critiques. De plus, les deux catholicos Garegin II et Aram Ier ainsi que le parti FRA (Fédération révolutionnaire arménienne) et ses organisations affiliées ont boycotté ce Sommet. Les critères discutables de sélection des invités ont suscité de vives controverses au sein des structures traditionnelles de la diaspora qui se considèrent comme les représentants légitimes de leurs communautés, le Haut-Commissariat aux affaires de la diaspora ayant choisi d’inviter les participants à titre individuel et non en tant que représentants des organisations.
Ces boycottes et polémiques sont particulièrement regrettables en ces moments éprouvants de notre histoire, où la consolidation de toutes nos forces autour de l’État arménien devrait être le mot d’ordre, passant outre à toute considération politique, personnelle ou autre. D’autre part, cette situation a mis en évidence l’émergence dans la diaspora de groupes de personnes très motivées, qui ne sont affiliées à aucune structure communautaire mais qui sont prêtes à mettre leurs expertises et connaissances au service de la mère patrie. Un grand nombre d’intervenants du Sommet mondial arménien était issu de ces groupes qui ne sont pas impliqués dans les querelles communautaires et moins encore dans les conflits politiques ou idéologiques en Arménie. De ce fait, ils contribueront très probablement à une coopération plus efficace entre l’Arménie et la diaspora pour la résolution des problèmes qui touchent les Arméniens.