© Massispost

Les manifestations contre la hausse du prix de l’électricité qui ont secoué Erevan et d’autres villes d’Arménie à partir du 19 juin dernier, ont marqué les esprits après un printemps sous le signe des commémorations du centenaire du génocide. Le mouvement de protestation de la société civile arménienne a certes perdu en intensité mais ne s’est pas arrêté. Le gouvernement a récemment fait appel à la société Deloitte & Touche pour mener un audit auprès des Réseaux électriques d’Arménie et pour répondre à la question de savoir si l’augmentation de 17% du prix de l’électricité était justifiée. Le 28 juin, le président Serge Sargsyan avait promis que l’Etat allait assumer cette hausse en attendant le résultat de l’audit. Cependant, même si les tarifs restent pour l’instant inchangés pour les ménages, les entreprises arméniennes sont obligées de payer au nouveau tarif majoré. Les militants trouvent que cela va à l’encontre de la promesse du président et au moment où nous mettons ce numéro sous presse, les manifestations ont repris dans les rues d’Erevan.

Début septembre, la frontière arméno-azérie a connu une forte tension dans la région de Tavush (nord-est) lorsqu’une vingtaine de villages arméniens ont été pris sous le feu des troupes azéries. Ce regain d’hostilités a malheureusement coûté la vie à un soldat arménien et blessé cinq civiles en provoquant des dégâts matériels importants dans les villages frontaliers. Deux autres soldats arméniens ont trouvé la mort en Artsakh. Les tentatives d’incursion des unités azéries le long de la frontière ont toutes été déjouées par les forces arméniennes. Depuis une année, l’Azerbaïdjan multiplie les attaques contre la population civile et sur la ligne de défense arménienne. Selon les experts, ces opérations ont pour but d’exercer une pression psychologique sur la population en vue d’obtenir des concessions unilatérales de la part de l’Arménie sous menace d’opérations militaires de grande envergure. Tout semble indiquer que la paix n’est pas pour demain …

Alors que la crise des réfugiés avec ses images choc bouleverse l’opinion publique, nos pensées se tournent vers les membres de la communauté arménienne de Syrie qui subissent de plein fouet les atrocités de cette guerre sans merci. Selon les sources officielles, 14000 d’entre eux vivraient actuellement en Arménie. Début août, répondant aux appels des dirigeants de la communauté des Yézidis d’Arménie forte de quelques 40000 personnes, le gouvernement arménien a accueilli 3 familles de Yézidis (19 personnes) pourchassées par l’Etat islamique au Kurdistan irakien. Un geste symbolique formidable de la part d’un pays qui manque d’infrastructures et de ressources pour l’accueil des réfugiés et dont la population est composée, pour une grande partie, de descendants de réfugiés.

A Istanbul, la résistance conduite depuis début mai par les jeunes Arméniens de Nor Zartonk et leurs camarades du HDP (parti pro-Kurde) pour empêcher la destruction de Kamp Armen continue sans relâche. Malgré les promesses du parti AKP d’Erdogan avant les élections législatives, l’orphelinat n’a toujours pas été restitué à la Fondation Gedikpasa de l’Eglise protestante arménienne. De surcroît, au 100e jour de l’occupation pacifique de Kamp Armen, a eu lieu une attaque de nationalistes turcs, qui s’en sont pris violemment à deux militants en charge de la sécurité des lieux. Il est de notre devoir dans la diaspora de soutenir les militants de Nor Zartonk dans leur combat courageux.

Le dernier trimestre de 2015 sera riche en événements dédiés au centenaire du génocide pour finir cette année mémorable en beauté. Les commémorations ne doivent toutefois pas détourner notre regard des questions aussi importantes que le combat de la société civile en Arménie contre la hausse du prix de l’électricité, la résistance de Nor Zartonk à Istanbul, la situation des Arméniens en Syrie et leur intégration en Arménie, les habitants des villages frontaliers et les familles des victimes civiles et militaires des tirs azéris. Ces causes méritent davantage de mobilisation et de soutien de notre part.

M.S.