Les fondations jouent un rôle incontournable dans la vie des communautés arméniennes presque partout dans le monde mais aussi en Arménie notamment après son indépendance retrouvée en 1991. Privés d’un État, les rescapés du génocide se sont vite organisés dans les pays d’accueil autour des églises, écoles, clubs, etc. Ces structures, qui ont contribué largement au rayonnement des communautés de la diaspora, ont été créées et entretenues pendant toutes ces années grâce aux dons des mécènes mais aussi des organisations pan-arméniennes et des fondations.

Genève compte plusieurs fondations arméniennes. Si certaines sont bien connues pour leurs activités en Suisse, d’autres sont moins connues du grand public. Parmi ces dernières, la Fondation Alliance Arménienne (FAA) dont le but est de soutenir et d’aider les Arméniens à travers le monde, en particulier en Arménie, au moyen de la gestion de fonds financiers et autres.

« En réaction à une remarque désobligeante envers les Arméniens catholiques de la part du prêtre de l’église apostolique arménienne de Troinex pendant son sermon du dimanche, un groupe d’hommes d’affaires arméniens catholiques* vivant en Suisse, en France, en Belgique et au Japon ont créé la FAA à Genève le 19 avril 1994. » explique Alfred Bagdjian, membre fondateur de la FAA.

Dans un premier temps, la fondation a financé des travaux d’adduction d’eau de 5 villages dans la région de Baghramian (Arménie) en coopération avec le Fonds Arménien de France.

Entre 1994 et 1996, la FAA a rénové le siège de l’Ordinariat de l’Europe orientale appartenant à l’Église catholique arménienne à Gumri, a aménagé les habitations de la congrégation des Sœurs arméniennes d’Immaculée Conception à Tashir (province de Lori) et a rénové l’Église du village de Panik (province de Shirak). Plus tard, en 2012, la fondation a rénové également le Centre pour enfants, géré par les sœurs d’Immaculée Conception à Tashir.

Un des projets les plus importants en termes de coûts a été l’achat et la rénovation d’une colonie de vacances pour orphelins et enfants nécessiteux à Tsakhkadzor qui a duré de 1996 à 2002. Actuellement plus de 1000 enfants y sont accueillis chaque année durant les mois de printemps et d’été.

Un autre projet phare auquel la FAA contribue depuis 2004 est celui du Centre d’Enseignement Professionnel Franco-Arménien (CEPFA), créé à l’initiative de l’association Rhône Arménie Fondation Échanges (RAFE) dans le cadre d’un accord de coopération signé en 2002 entre la Ville de Lyon et la Ville de Erevan pour la mise à disposition des locaux d’une ancienne école russe. Le Centre bénéficie du soutien partenarial de plusieurs collectivités publiques et associations françaises, la partie pédagogique étant assurée par la Société d’Enseignement professionnel du Rhône (SEPR). « Nous avons apporté à ce projet le savoir-faire propre au pays, nos relations avec les ministères permettant de faciliter l’avancement du projet, notre expérience commerciale et le financement. » indique Monsieur Bagdjian. Les branches enseignées au CEPFA sont: métiers de la mode, coiffure et soins du visage, assistant de direction, métiers de l’hôtellerie, restauration et tourisme et plus récemment la prothèse dentaire que la FAA a financée.

En 2012, compte tenu des taux d’intérêt prohibitifs pratiqués à l’époque en Arménie, la FAA a mis des fonds, sans intérêt, à la disposition d’une institution de crédit qui a accordé des microcrédits à des artisans et entrepreneurs indépendants au taux de 7% par année à condition que chaque bénéficiaire créé au moins un nouveau poste de travail. Dans le cadre de ce programme, qui a duré environ 4 ans et demi, 112 prêts ont été attribués, générant ainsi quelques 150 nouveaux emplois.

Par ailleurs, la FAA a apporté un soutien financier et ses compétences en matière de gestion à la congrégation des Mekhitaristes de Venise et a contribué à mettre de l’ordre dans sa comptabilité. Un autre projet important, toujours en cours, est le foyer du jour pour personnes âgées à Gumri. « Nous avons reçu un lègue important de Nadine Basmadjian pour des projets qui s’adressent aux personnes âgées et aux malvoyants. C’est ainsi que nous avons créé avec Sœur Arusyag ce foyer à Gumri, qui offre des soins médicaux et propose des activités culturelles, artistiques et autres aux personnes âgées. » explique Alfred Bagdjian et ajoute: « Nous avons également accordé des aides ponctuelles à des étudiants malvoyants en collaboration avec le Fonds Monte Melkonian et au Centre de gestion des problèmes d’yeux chez les enfants de l’Union médicale arménienne de France (UMAF) ».

En 2003, la FAA a fondé à Erevan l’Alliance Arménienne Charitable Foundation (AACF) qui poursuit en Arménie les mêmes buts que la FAA. Elle est chargée de l’exécution des projets sur place. Après 25 ans d’activité la FAA ne peut qu’être fière de ce beau bilan. Les projets réalisés ont changé la vie d’un grand nombre de personnes en Arménie. D’autres projets sont en cours de préparation et viendront enrichir le palmarès impressionnant de la fondation. Bonne continuation!

M.S.

(Photos: www.olarmenia.org)

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(*) Les membres fondateurs sont Albert Boghossian, Jean Boghossian, Vahé Gabrache (actuel président), Alfred Bagdjian, Robert Davoudian (succédé par son fils Michel Davoudian), Setrak Sandjian (succédé par son fils Michel Sandjian) et Kaspar Kuyumgyan. Ils ont été rejoints plus tard par Ara Aharonian.