LES ÉGLISES SUISSES SUR LE CONFLIT ARMÉNIE – AZERBAÏDJAN: «LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE SUISSE EST INTERPELLÉE»

Une voix sur un conflit peu médiatisé: La Commission nationale suisse Justice et Paix de l’Église catholique appelle le gouvernement suisse à s’engager plus résolument en faveur d’une résolution pacifique du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan et à contribuer à ce que la situation ne débouche pas sur un nouveau conflit militaire.

L’appel pour une action indique notamment que le Gouvernement et le Parlement suisses doivent:

  • insister sur la mise en œuvre de toutes les décisions et recommandations pertinentes de la Cour internationale de Justice et de la Cour européenne des droits de l’Homme concernant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan;
  • œuvrer pour la libération de tous les prisonniers de guerre et otages détenus arbitrairement et illégalement par les autorités azerbaïdjanaises, conformément au droit international;
  • faire pression sur les parties, en particulier sur l’Azerbaïdjan, pour que toutes les questions en suspens soient résolues exclusivement par les négociations et par des moyens pacifiques, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque pays et du droit international. Il convient de s’abstenir de tout recours à la force ou à la menace de recourir à la force;
  • s’efforcer de faire en sorte que l’Azerbaïdjan s’abstienne de tout discours de haine discriminatoire et de toute déclaration incendiaire continue visant à rabaisser l’appartenance ethnique arménienne et à remettre en question l’intégrité territoriale de l’Arménie;
  • fournir aux quelques 150 000 réfugiés et personnes déplacées en Arménie une aide initiale à l’intégration et à l’économie adaptée à la tradition humanitaire et aux possibilités financières de la Suisse;
  • poursuivre l’objectif d’un retour sûr, volontaire et durable de tous les Arméniens déplacés de leur terre natale, le Haut-Karabagh, et contribuer à ce qu’ils puissent y mener une vie exempte de peur, d’intimidation et de discrimination;
  • contribuer activement à ce qu’une mission d’experts internationaux et locaux indépendants, dirigée par l’UNESCO, ait accès au Haut-Karabagh afin de documenter l’état des anciens sites de la foi chrétienne et d’en assurer la conservation;
  • faire face, par les moyens juridiques, économiques et politiques les plus stricts possibles, y compris par des sanctions ciblées contre les personnes responsables, à d’éventuelles autres violations de la part de l’Azerbaïdjan, qui ne respectent pas les exigences de l’Arménie en matière d’intégrité territoriale, de renonciation à la violence armée ainsi que de protection des minorités comme l’exige le droit international.

Le processus a été inspiré par une analyse non gouvernementale approfondie de la trajectoire de l’Arménie vers l’Europe depuis 2020, basée sur une vue d’ensemble des développements clés 2020-2024.

La position de la branche suisse a été reprise dans une lettre ouverte de Justice et Paix Europe, un réseau de plus de 30 commissions nationales à travers le continent, qui s’adressait aux principaux candidats aux élections du Parlement européen.

La déclaration de la Commission de l’Église catholique suisse est également soutenue entièrement par le Conseil de l’Église protestante réformée de Suisse.

Cet appel indique-t-il une solidarité plus large et ouvre-t-il la voie à un engagement substantiel des Églises suisses envers leurs frères et sœurs d’Arménie? Cela conduira-t-il les acteurs suisses concernés à accorder une plus grande priorité à ce conflit et à prendre des positions actives et des mesures supplémentaires au niveau international?

Werner THUT, ancien chef adjoint de mission à l’ambassade de Suisse en Arménie

(Article paru en anglais sur la page LinkedIn de l’auteur le 25 mai 2024)

 

2024-09-11T22:30:26+02:00 11.09.24|GÉNÉRAL, SUISSE-ARMÉNIE|