Maral SIMSAR
Nous avons commémoré le 110e anniversaire du génocide des Arméniens une nouvelle fois dans un climat d’incertitude et de profonde inquiétude quant à la politique génocidaire qui se perpétue contre notre peuple. En effet, le génocide des Arméniens n’est pas un évènement historique qui s’est achevé par la création de la République de Turquie mais une stratégie d’extermination ininterrompue visant à effacer la présence arménienne des territoires revendiqués par la Turquie et l’Azerbaïdjan.
Les massacres et la déportation des Arméniens de Soumgaït, de Bakou, de Kirovabad et d’autres villes et régions d’Azerbaïdjan entre 1988 et 1991, puis la guerre de 44 jours de 2020 et le nettoyage ethnique en Artsakh en septembre 2023 s’inscrivent dans le même schéma génocidaire employé dans l’Empire ottoman au début du siècle passé.
Quant au patrimoine culturel arménien, l’Azerbaïdjan reproduit l’approche des gouvernements turcs à la suite du génocide à savoir, la destruction, la réaffectation ou le vandalisme. De surcroît, le régime d’Aliev a lancé une campagne de suppression systématique des inscriptions arméniennes sur les églises et monuments d’Artsakh dans le but d’effacer toute trace de présence arménienne.
Les ambitions de l’Azerbaïdjan vont au-delà de l’Artsakh. Le président Ilham Aliyev qualifie régulièrement le sud de l’Arménie d’«Azerbaïdjan occidental», faisant ainsi état de revendications territoriales claires. Combinées au renforcement militaire de l’Azerbaïdjan le long des frontières de l’Arménie, ces déclarations laissent entendre que la stratégie de déplacement forcé et d’expansion territoriale se poursuit
La réponse internationale au blocus imposé aux Arméniens d’Artsakh pendant neuf mois, suivi de l’opération militaire azerbaïdjanaise et l’expulsion de l’ensemble de la population de ses terres a été marquée par l’inaction. La Cour internationale de justice (CIJ) a émis des avertissements concernant le traitement des Arméniens par l’Azerbaïdjan, mais aucune mesure préventive n’a été mise en œuvre. Cela nous rappelle la passivité de la communauté internationale du début du XXe siècle, lorsque des rapports sur le génocide arménien étaient publiés mais largement ignorés.
En l’absence d’obligation de rendre des comptes, les politiques génocidaires sont susceptibles de se poursuivre, faisant peser une menace croissante sur la République d’Arménie qui ne peut pas faire face seule à ces défis existentiels.
Nos communications relatives à la reconnaissance du génocide doivent absolument mettre l’accent sur ces parallèles et la continuité des stratégies génocidaires ainsi que sur la nécessité de prévenir de nouvelles escalades.