Irma CILACIAN GANDOLFI

Troinex, le 10 mai 2025 – La scène s’éclaire, les premières notes retentissent, les danseurs apparaissent. Le public retient son souffle, les projecteurs révèlent non seulement les costumes richement brodés, mais aussi l’intensité d’un héritage qui se transmet depuis des générations: celui de la culture arménienne, par la danse.

Le spectacle de fin d’année de la troupe Sanahin, qui a eu lieu une nouvelle fois à la salle des fêtes de Troinex, n’est pas un simple gala de fin de saison. C’est un moment de reconnaissance collective, un acte culturel, un geste de mémoire. Les jeunes artistes – une cinquantaine de danseuses et danseurs âgés de 5 à 25 ans – ont présenté un programme riche, préparé tout au long de l’année sous la direction des chorégraphes Chouchane Agoudjian, Vahag Kalaidjian et Christina Galstian.

Une mémoire en mouvement

Chaque danse, chaque geste, chaque rythme évoque un héritage ancien, où l’histoire et l’émotion se conjuguent. Le programme s’intitulait cette année Retour aux sources, et toutes les chorégraphies ont été créées ou adaptées sur un répertoire arménien, mêlant musiques traditionnelles, populaires et compositions contemporaines. Le public a pu entendre notamment Im Tchinari Yare et Andzrev n’egav(interprétés par l’ensemble Kohar), L’ange à la fenêtre d’Orient et Soufi Dance (André Manoukian), Garuna, Ai Ayloukhs, Ari im Sokhag(Komitas), Lezguinka (Khachaturian), Zartonk, Hingala, Msho Kher / Sassoun, Gagatchner, Pert, Shalakho, ou encore Khio Khio.

Certaines danses, comme Les coquelicots ou La citadelle, évoquaient avec poésie et intensité la vie rurale, la transmission ou la résistance. La chorégraphie intégrait narration, musicalité et théâtralité: les tableaux s’enchaînaient dans une esthétique collective, où chacun trouvait sa place, dans une précision sensible et une expressivité maîtrisée.

 

Les danseuses et danseurs ayant porté ce programme sont: Amalia Alves, Gayané Alves, Anna Amirjanian, Ari Avedissyan, Eva Avedissyan, Tsolag Diosdado de Caso, Arek Diosdado de Caso, Lucinée Doudak, Paulina Doudak, Dalia Drissi, Alec Enksezian, Emma Enksezian, Adelina Evdokimova, Sirane Gandolfi, Lisa Gendjian, Lori Ghouchian, Naïri Ghouchian, David Hambardzumyan, Léa Harutunyan, Tigran Harutyunyan, Kara Harutyunyan, Chloé Hirzel, Milana Hovanisian, Hrachya Hovsepyan, Gagik Kazaryan, Maria Kosoyan, Rosa Kossian, Matthias Merjanian, Arina Mkhitaryan, Ruben Mkhitaryan, Léa Movsisyan, Eva Oganezova, Nathan Pigni, Mélina Poladian, Arev Sahil, Naïri Sahil, Chahan Sedef, Chahanik Sedef, Kaïa Sirabian, Théa Sirabian, Areg Sultanian, Raphael Toruslu, Ménua Trochard, Vika Yeganian, Elly Zancanaro, Laura Zancanaro

Une transmission collective

Mais Sanahin ne repose pas que sur ses danses. Le cœur battant de la troupe vit aussi dans les coulisses, où des dizaines de bénévoles œuvrent toute l’année. Christine Sedef, pilier du projet depuis 17 ans, coor-donne chaque mercredi les répétitions au Centre arménien de Troinex, organise le gala et veille à la transmission des valeurs humaines et culturelles de la troupe.

Autour d’elle, Meda Khachatourian et Natali Doudak assurent la logistique, la gestion des costumes, la communication avec les familles. Le jour du spectacle, chacun connaît son rôle: régie lumière assurée par Antoine Agoudjian, sonorisation par Nejdeh Khacha-tourian, coordination des loges, maquillage par Taline Ghouchian et Juliette Sedef, buffet, accueil, préparation du repas avec Alexi Doudak et Tatev Khamoyan… Sanahin est une chorégraphie humaine à part entière.

Une communauté en marche

Le gala est aussi un moment d’unité pour la communauté arménienne de Suisse romande et au-delà. Parents, amis, anciens danseurs et danseuses se retrouvent dans un esprit de fête et de transmission. Après le spectacle, la soirée se prolonge autour d’un repas, puis d’un kef animé par Shant Ghouchian, où se mêlent kocharis, et autres danses populaires.

 Une promesse d’avenir

Sanahin incarne une forme de résistance joyeuse, une pédagogie vivante de l’identité. La danse y est à la fois art, lien, mémoire et promesse. Une promesse tenue, chaque mercredi, par des dizaines de jeunes, de familles et de bénévoles qui, ensemble, font vivre une culture ancienne avec une énergie profondément contemporaine.

Rendez-vous est déjà donné pour la rentrée: les cours reprendront le mercredi 17 septembre 2025. Les inscriptions sont ouvertes auprès de Christine Sedef (079 758 11 36 / christinesedef@ik.me)

(© Photos: Atelier NK)