OFFENSIVE TURCO-AZÉRIE À LA VEILLE DU CENTENAIRE DU GÉNOCIDE

Karen Grigoryan, Vardan Mkrtchyan, Suren Pilosyan, Nahapet Asatryan, Karen Galstyan, Artak Sargsyan, Arsen Karapetyan, Artak Aghekyan, Hayk Baroyan, Shekspir Hakobyan font partie des soldats arméniens qui ont été tués par des tirs azéris ou lors des affrontements avec  les forces azerbaïdjanaises ces derniers mois. Depuis le début de cette année, on compte un nombre important de militaires et de civils tués et blessés dans ce que le porte-parole du ministère arménien de la Défense, Artsrun Hovhannisyan, a qualifié de « guerre de basse intensité » à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ainsi que sur la ligne de contact avec l’Artsakh.

Ce regain de violence à nos frontières après l’escalade de l’été passé nous rappelle une fois de plus que la sécurité reste la priorité numéro un pour le peuple et l’Etat arméniens face à un voisin menaçant qui veut reconquérir l’Artsakh et prétend même que l’Arménie a été créée sur des terres historiques azéries!

L’offensive militaire azérie à la veille du centenaire du Génocide des Arméniens coïncide avec les stratagèmes et provocations des dirigeants turcs dans l’espoir de contrecarrer la portée médiatique et politique des commémorations dans le monde entier. Après avoir annoncé que son pays allait combattre activement toute campagne visant à faire reconnaître par la Turquie le caractère génocidaire des massacres d’Arméniens en 1915, le président Erdogan a invité son homologue arménien Sargsyan aux célébrations du 100e anniversaire de la bataille de Gallipoli organisées en grande pompe en Turquie le 23 et le 24 avril prochain et auxquelles sont invités une centaine de chefs d’Etat. La Turquie commémore traditionnellement ses soldats tombés lors de la bataille de Gallipoli  (Çanakkale) le 18 mars, et c’est la première fois que cette date est déplacée dans une  démarche perçue comme une tentative de détourner l’attention des commémorations arméniennes. Rappelons que le chef de l’Etat arménien avait invité le président turc à participer à la commémoration du 100e anniversaire du Génocide à Erevan le 24 avril 2015.

D’autre part, le 29 janvier dernier, une  déclaration pan-arménienne à été rendue publique à l’issue de la 5ème session de la Commission d’Etat de coordination des manifestations dédiées au centième anniversaire du Génocide tenue à Erevan. Cette déclaration sans précédent exprime entre autres la volonté de l’Arménie et du peuple arménien d’obtenir la reconnaissance internationale du Génocide de 1915 et l’élimination de ses conséquences, en annonçant à cette fin la préparation d’un dossier de «revendications juridiques» visant à restaurer les droits et intérêts légitimes individuels, communautaires et nationaux du peuple arménien.

Cette déclaration a été suivie par le retrait du Parlement arménien du projet de ratification des protocoles arméno-turcs signés à Zurich le 10 octobre 2009. Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée nationale le 16 février 2015, le président Sargsyan a dénoncé «l’absence de volonté politique» d’Ankara de normaliser les relations entre les deux pays. Il a critiqué aussi la déformation par la Turquie de l’esprit et de la lettre des protocoles en posant des conditions préalables à leur ratification. «C’est pour cela que j’ai pris la décision de les retirer de l’Assemblée nationale», a-t-il indiqué. Saluée par les milieux arméniens, cette décision a toutefois été qualifiée de «demi-mesure» par certains qui estiment que l’Arménie devait aussi retirer sa signature de ces protocoles.

Alors que nous sommes concentrés sur les  derniers préparatifs des manifestations dédiées au centenaire du Génocide et de la commémoration de nos morts dans la dignité, la situation dangereuse qui prévaut à nos frontières doit aussi rester au centre de nos préoccupations. L’Azerbaïdjan fait payer un lourd tribut à l’armée arménienne et aux habitants des villages frontaliers en menant une guerre d’usure à leur encontre. L’été 2014 et le mois de janvier de cette année ont été particulièrement meurtriers à cet égard. Notre sympathie et nos pensées vont vers les familles et proches de ces victimes, qu’elles reposent en paix!

M.S.

2017-07-31T16:42:23+02:00 15.03.15|ÉDITORIAL|

Laisser un commentaire