«DE DIASPORA À DIASPORA: CIRCULATIONS, MIGRATIONS, HISTOIRE ET CULTURES»
Le Salon du livre et de la presse de Genève est un évènement annuel très attendu qui attire non seulement les amoureux de livres mais aussi un public intéressé par les conférences sur des thématiques variées. Au cours des ans, grâce à la Fondation Hagop D. Topalian, le pavillon Arménie / Հայաստան est devenu un point de rencontre très apprécié des membres de la communauté, de leurs amis et des personnes intéressées par des sujets touchant les Arméniens et l’Arménie. Le choix judicieux des thèmes qui interpellent le public joue sans doute un rôle important dans le succès du stand arménien.
Cette année, le stand était placé sous le thème «De diaspora à diasporas: circulations, migrations, histoire et cultures». Les différents intervenants se sont penchés sur le concept de dissémination et les enjeux identitaires et culturels qui s’y produisent. Les conférences étaient programmées sur cinq jours, du 25 au 29 avril 2018 au Palexpo, mais également hors les murs, au Théâtre Les Salons à la rue Bartholoni et à la Maison des associations à la rue des Savoises à Genève.
Alain Navarra-Navassartian, le responsable programmatique a su, une fois de plus, attiser la curiosité des visiteurs du stand, par sa profonde connaissance maitrisée sur les sujets traités, en concoctant un éventail de thèmes variés, anciens et modernes à la fois, et sa convivialité débordante. Parmi les thèmes des conférences qu’il a présentées lui-même, citons le complexe monastique de Sanahin et celui d’Akhtala. Un autre sujet était consacré à la minorité importante des Yezidis, tristement célèbres pour avoir fait les manchettes à propos de la guerre civile en Irak, mais qui vivent paisiblement en Arménie depuis fort longtemps et qui ont su garder leur identité propre.
Divers auteurs connus et appréciés surtout du public romand, ont présenté leurs récents ouvrages: L’impératrice des Indes par le romancier Harry Koumrouyan; Le temple de Garni par l’archéologue Armenuhi Magarditchian et Le chant de Smyrne par le journaliste Roland Godel.
Une autre histoire méconnue du grand public a été exposée par Boris Adjemian qui a parlé de la fanfare du Négus dont l’harmonie du palais était composée de musiciens arméniens, rescapés du génocide. Les trésors de l’île Saint Lazare à Venise ont été traités par Maxime Yevadian, sous le titre de: Le jubilé Mekhitariste.
Le clou de cette édition fut certainement la venue à Genève de l’éditeur et défenseur des droits de l’homme turc Ragip Zarakolu et de l’écrivaine turque exilée en Allemagne, Asli Erdogan. Le premier a parlé de son engagement à travers sa maison d’édition Belge qui a publié plusieurs ouvrages touchant à la question arménienne, dont la traduction en turc des Quarante jours de Musa Dagh de Franz Werfel. Il a également évoqué le combat d’une poignée d’éditeurs et journalistes turcs qui luttent contre la censure continue en Turquie. Alexis Krikorian a organisé une autre rencontre avec lui pour mieux cerner son combat. Entouré d’Eugène Schoulgin et d’Alexis Krikorian, M. Zarakolu a participé en outre à une table ronde intitulée: Quelle liberté d’expression possible en Turquie et dans le Caucase du Sud? Sur le même sujet et grâce à l’organisation par Hyestart, en présence d’une salle bien garnie au Théâtre Les Salons, Mme Erdogan, Messieurs Zarakolu, Navarra, Perrier, Schoulgin et Tschopp ont discuté du cas turc dans le cadre des Livres, journaux et les arts contre la censure. Ce débat modéré par la journaliste Thérèse Obrecht peut être (ré)écouté sur https://vimeo.com/267840893. Le journaliste français Guillaume Perrier, correspondant du journal Le Monde à Istanbul pendant de longues années, a parlé d’un sujet qui n’intéresse pas que les Arméniens et les Turcs: «Dans la tête de Recep Tayyip Erdogan». Finalement dans la même veine, Mme Erdogan, Messieurs Navarra, Zarakolu et Matthieu Mégevand ont traité du sujet épineux de la Liberté d’expression en Turquie.
L’écrivain et journaliste Vicken Cheterian a parlé d’un sujet qui nous concerne tous: «Quel avenir pour la diaspora?». Autre sujet, en lien avec la diaspora, était celui de «La langue en diaspora: l’arménien occidental en danger?». Mme Valentina Calzolari, responsable du centre d’études et recherches arménologiques de l’Université de Genève, a évoqué avec la maestria que nous lui connaissons, les «Ecrivains arméniens d’URSS à l’époque de la grande terreur stalinienne: papiers brulés et déportations» après avoir traité le sujet longuement dans une série de conférences intéressantes à l’UNIGE.
Enfin Stefan Kristensen, entouré de Michèle Freiburghaus et de Charles Heimberg, a décrit les étapes des différentes phases du projet du monument «Les réverbères de la mémoire» de l’artiste franco-arménien Mélik Ohanian, finalement récemment inauguré à Genève.
Cerise sur le gâteau si l’on peut dire, hormis la nourriture spirituelle et intellectuelle, la nourriture terrestre, préparée soigneusement et affectueusement par une équipe douée et dévouée, sous la direction d’Ani Mesrobian. Leurs efforts furent couronnés de succès, car les différents mets et autres sucreries ont trouvé rapidement des preneurs dont les palais ont été délectés.
Nous tenons à remercier tous ceux et toutes celles qui ont contribué à la réussite totale de cet événement annuel.
A.S.
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