par Maral SIMSAR

Areni … un nom qui est devenu célèbre au-delà des frontières de l’Arménie et notamment dans les milieux des amateurs de vin à travers le monde!

Mais Areni est plus que des vignobles et des activités viticoles. C’est une région qui recèle un important potentiel touristique avec ses paysages à couper le souffle, ses sites historiques millénaires, ses festivals, etc. La communauté rurale d’Areni, avec une population totale d’environ 12’000 personnes et une superficie de 43 000 hectares, est située dans la province de Vayots Dzor. Elle englobe 9 villages: Areni (chef-lieu), Arpi, Aghavnadzor, Agarakadzor, Gnishik, Yelpin, Khachik, Rind et Ziva. Du 18 au 22 août 2019, une délégation comprenant le chef de la communauté rurale d’Areni et le gouverneur de la province de Vayots Dzor se trouvait à Genève où elle a rencontré des représentants des autorités cantonales et des fondations arméniennes. Le but de cette visite de travail était, entre autres, de se familiariser avec la viticulture suisse et française.

« Nous avons été étonnés de voir des vignobles en pentes. Chez nous, les terrains en pente ne sont même pas cultivés car considérés comme inutilisables. Nous devons faire un travail d’information pour introduire une nouvelle culture dans notre région pour qu’il n’y reste plus un mètre carré de terrain non-cultivé » fait remarquer Husik Sahakyan le chef de la communauté rurale d’Areni suite à une visite dans le canton du Valais.Selon M. Sahakyan, ces dernières années le tourisme viticole et œnologique connaît un essor à Areni. Face à une demande croissante de lieux d’hébergement, une dizaine de maisons ont été transformées en B&B. Tous les jours, des centaines de touristes viennent déguster des vins mais aussi visiter des sites historiques comme le complexe monastique de Noravank, l’église rupestre de Rind, des grottes de Yelpin, etc. N’oublions pas que c’est à Areni que se trouve la grotte abritant les plus anciennes traces de vinification au monde (6000 ans) et le site archéologique où une chaussure en cuir vieille de 5500 ans a été trouvée.

« Avec l’officier en charge du développement touristique de la municipalité, nous avons dressé un inventaire des monuments et sites touristiques dans chaque village et travaillons pour les mettre en valeur et en faciliter l’accès. Actuellement des travaux sont en cours en vue d’améliorer le réseau routier. Depuis une dizaine d’années, la Fête du vin d’Areni, organisée début octobre avec la participation d’un grand nombre de producteurs de vin de toutes les régions de la République attire un public de plus en plus nombreux. Le village frontalier de Khachik organise tous les ans au mois de septembre un Festival de Gata (une galette arménienne). Nous essayons ainsi de promouvoir les spécialités du terroir de chaque localité à travers des manifestations populaires. » explique M. Sahakyan.

Cependant, il estime que les prix bas du raisin freinent le développement. « Une petite hausse du prix d’achat incitera les vignerons à travailler davantage et à élargir leur exploitations » ajoute t-il.

Le manque d’infrastructures reste également un problème. Certains villages rencontrent des difficultés liées à l’eau potable, aux réseaux d’égout, aux canaux d’irrigation, aux routes reliant les villages, etc.

En juillet 2019, les fondations Armenia et Philippossian-Pilossian de Genève ont financé les travaux d’assainissement du réservoir d’eau dans le village de Khachik. La fondation Armenia prendra en charge l’installation du réseau d’éclairage public dans le même village.

« Je tiens à remercier Vahé Gabrache pour son dévouement envers notre communauté et son soutien à la réalisation de ces projets » souligne M. Sahakyan.En réponse à une question sur le quotidien des habitants des villages frontaliers avec Nakhichevan qui ont été la cible de tirs azéris il y a quelques mois, le chef de la communauté rappelle que les Arméniens ont vécu parmi des voisins hostiles durant plusieurs siècles. « Ces terres appartiennent aux Arméniens du monde entier qui devraient s’unir pour les renforcer » estime t-il et de conclure: « Mon message à chaque Arménien, où qu’il soit: Visitez un village frontalier arménien dans une région de votre choix et pas nécessairement à Areni, passez-y une nuit et réfléchissez à ce que vous pouvez faire pour aider et soutenir ses habitants. »

Pour le gouverneur de Vayots Dzor Trdat Sargsyan*, les atouts spécifiques de sa province de 50000 habitants sont la splendeur des paysages, l’hospitalité et la tranquillité des habitants ainsi que la sécurité. Les herbes sauvages, les produits laitiers et les viandes provenant de l’agriculture écologique font la réputation de la région. Il y existe également de nombreux monuments historiques et culturels.

Selon M. Sargsyan, Vayots Dzor est aussi une destination pour les passionnés des sports d’hiver et en particulier des sports extrêmes. « Les amateurs de freestyle viennent du monde entier. On dirait que toutes nos montagnes sont faites pour pratiquer ces sports. » précise t-il. En réponse à une question sur l’infrastructure existante et les installations qui sont normalement nécessaires pour le fonctionnement des stations de ski, le gouverneur a mentionné des B&B et hôtels situés à Jermuk et Yeghegnadzor, et le télésiège de Jermuk. « C’est le seul télésiège de la région. Mais dans les autres localités, où les descentes ne sont pas balisées, les skieurs hors-piste viennent à pied ou en voiture » a t-il ajouté.La promotion du tourisme et du développement demande certes des moyens financiers importants. Mais elle nécessite surtout une vision réaliste et un programme fiable à long terme. Dans notre monde compétitif, les atouts naturels ne sont hélas pas suffisants pour déclencher un boom touristique et le développement économique qui en suivra. Le chemin est encore long… 

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(*) Plus tard, le 24 septembre 2019, M. Sargsyan a démissionné de son poste suite à l’arrestation de son assistant dans le cadre d’une enquête sur une violente dispute survenue à Yeghegnadzor, lors de laquelle un lieutenant-colonel de l’armée a été grièvement blessé.