LE TEMPS DES QUESTIONNEMENTS

Cette année nous avons commémoré le 33e anniversaire de la naissance du mouvement de l’Artsakh avec des sentiments d’amertume et de désenchantement. Les atteintes portées à la souveraineté de l’Arménie et de l’Artsakh, combinées avec les menaces sécuritaires qui pèsent sur les habitants frontaliers sont consternantes et pérennes. C’est dans ce contexte et sur fond d’une crise politique interne extrêmement grave que les Arméniens attendent toujours des réponses du gouvernement sur les circonstances de cette défaite avec son effroyable bilan de pertes en vies humaines.

Après le choc et la stupéfaction des premières semaines, les Arméniens de la Diaspora commencent également à se poser des questions sur leur rôle ainsi que sur l’efficacité et la pertinence des actions menées par les structures communautaires depuis l’indépendance de l’Arménie.

La première question qui nous vient à l’esprit est de savoir pourquoi la Diaspora n’a pas su mobiliser les classes politiques, les organisations de défense des droits de l’homme et la société civile dans les pays où elle est présente. Pourtant, nous avons des amis dans ces milieux qui assistent régulièrement aux manifestations communautaires, et témoignent de leur solidarité au peuple arménien chaque fois que l’occasion se présente. Ils ont été nombreux à nous soutenir pendant la guerre – nous leur sommes reconnaissants – néanmoins nous n’avons pas pu obtenir un appui significatif au niveau politique rien que pour atténuer la grave crise humanitaire à laquelle l’Arménie et l’Artsakh sont confrontés.

Une autre question qui surgit inévitablement porte sur les efforts visant la reconnaissance d’Artsakh sur le plan international. Quelles mesures avons-nous entreprises pendant toutes ces années pour sensibiliser l’opinion publique au droit d’existence et d’autodétermination du peuple d’Artsakh? Dans quelle mesure avons-nous contribué au renforcement de l’État arménien et de sa place sur la scène internationale?

Le moment n’est-il pas venu de lancer un débat sincère au sein de nos communautés pour faire une analyse critique et sans complaisance de nos actions passées, établir nos objectifs et priorités à long terme, revoir notre méthodologie et redéfinir notre rapport à l’Arménie et à l’Artsakh? Aujourd’hui, nous nous trouvons à un tournant de notre histoire et il nous faut retrouver nos forces et prendre en main notre destin.

M.S.

 

 

 

2021-03-04T15:40:04+01:00 04.03.21|ÉDITORIAL|

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