À LA MÉMOIRE DE VIOLETTE BREGUET-SAFARIAN

par Maral SIMSAR

« Il faut relativiser les difficultés et savoir apprécier ce que l’on a et ça, je le dois à ma patrie. Merci mon Arménie. »

Cette petite phrase caractérise bien Violette Breguet-Safarian, qui nous a quittés le 24 mai 2021. Il s’agit de la conclusion de son Kaleïdoscope  – « quelques pages cueillies de ma vie » comme elle disait – rédigé en 2010. Un message si actuel pour notre peuple après la guerre désastreuse de 44 jours de l’automne dernier, nous invitant à relever la tête et à ne pas sombrer dans le désespoir.

Ceux et celles parmi nous qui ont eu la chance de connaître Violette se souviendront d’elle comme une personne élégante, cultivée, chaleureuse et communicative, toujours à l’écoute de ses interlocuteurs. Le message d’adieu qu’elle avait enregistré plusieurs années avant sa mort, diffusé lors de la cérémonie du dernier hommage qui lui a été rendu en présence des membres de sa famille et de ses amis était le reflet parfait de son personnage hors du commun et de sa vie pleine de partage et d’amour.

Violette était bien connue dans notre communauté. Presque toutes nos associations ont bénéficié de sa collaboration précieuse au sein de leurs comités ou en tant que sympathisante et cela, pendant plus de 50 ans.

Co-fondatrice d’Artzakank avec Annie Mesrobian, et rédactrice durant 2 ans, Violette a présidé le comité pendant 21 ans en assurant la gestion administrative et logistique jusqu’en 2007. Nos lecteurs et lectrices ne savent peut-être pas que c’est grâce à elle que le journal existe toujours. En effet, dans les moments les plus difficiles qu’a traversé Artzakank à la fin des années 90, sa décision de ne pas abandonner le navire a été déterminante pour déjouer les desseins des fossoyeurs de notre journal et en assurer la continuité.

Dès mon entrée dans le comité de l’Association des Dames (anciennement Comité des Dames de l’Eglise) en 1990 j’ai été impressionnée par la personnalité de Violette et sa force de caractère. Sa disponibilité et son engagement sans réserve en faveur de la communauté, sa sincérité et son franc parler m’ont marquée à jamais. J’admirais son sens de l’organisation, une qualité rare chez les Arméniens, pendant les nombreuses réunions que nous avons eues au sein de notre comité ou avec d’autres associations ainsi que dans le cadre des manifestations communautaires auxquelles elle prenait part en tant qu’organisatrice ou participante. Avec elle, nous savions que tout allait se passer comme sur des roulettes grâce à une préparation minutieuse où aucun détail n’était négligé. Son retrait de la vie associative dû à l’âge a laissé un grand vide difficile à combler dans la communauté.

Malgré la rigueur dont elle faisait preuve dans son travail associatif, Violette avait un grand cœur. De nature généreuse et attentionnée, sa compassion envers les personnes dans le besoin n’avait pas de limites. Elle leur tendait la main en toute discrétion et les soutenait moralement et financièrement le temps qu’il fallait. Sa générosité se manifestait également par des « dons anonymes » en particulier pour compléter le budget d’une manifestation ou en réduire les frais. Par ailleurs, un grand nombre d’étudiants en musique ont bénéficié de ses conseils sur leur carrière et de son aide pour trouver un logement ou une bourse d’études.

Violette incarnait la résilience et la détermination, des valeurs propres au peuple arménien ayant permis à celui-ci de renaître de ses cendres après chacune des catastrophes qui ont jalonné son histoire. Ces valeurs continueront d’inspirer l’équipe d’Artzakank pour agir toujours au mieux. La mémoire de notre chère Violette restera gravée au plus profond de nos cœurs et nous guidera dans nos actions en faveur de l’Arménie et de notre communauté.

2021-07-04T17:57:06+02:00 05.07.21|COMMUNAUTÉ, GÉNÉRAL|