par Lerna BAGDJIAN
Chaque année à la fin du mois de mai, c’est le gala de la troupe de danse Sanahin. Le gala, c’est pour les danseurs, âgés de 5 à 25 ans, l’occasion de partager avec le grand public le fruit de 9 mois de dure labeur.
Sous la direction de Christine Sedef depuis 16 ans, les cours de danse ont lieu chaque mercredi au Centre arménien de Troinex. De septembre à mai, les élèves des classes initiation, préados, ados, ainsi que de la compagnie, répartis par âge et niveaux, préparent un spectacle sous la direction artistique de Chouchane Agoudjian et Vahag Kalaidjian.
Mais le mercredi, il n’y a pas que les danseurs et chorégraphes qui se préparent!
De l’autre côté des portes de la grande salle, Christine, Meda et Natali, les moteurs de Sanahin, se préparent aussi: rafistolage des costumes, mensurations des danseurs, préparatifs du gala, logistique,… la liste est longue!
Le gala, c’est également: le rendez-vous des Arméniens de Suisse Romande, fervent moment d’escapade culturelle, l’occasion pour les anciens danseurs de se retrouver et de deviner qui porte son ancien costume désormais, le moment d’émotion pour les parents qui voient leurs enfants briller sous les projecteurs, et avant tout, énormément de plaisir pour les danseurs.
Une fois encore, le gala s’est déroulé à la salle des fêtes de Troinex, qui n’a plus de secret pour les enfants. Les garçons connaissent leurs loges, les filles de la compagnie ont déjà choisi leur espace pour se changer et ont déballé leur trousse de maquillage, les plus petits se défoulent dans le gymnase adjacent en attendant l’heure H.
Pendant que les parents des danseurs préparent le buffet et la soirée qui suivra le spectacle, les artistes se préparent.
Mais avant les costumes… filage!
Le filage, c’est l’occasion pour Antoine Agoudjian tout droit venu de Paris, d’adapter les jeux de lumières pour le spectacle. Nejdeh Khachatourian est à ses côtés pour assurer les transitions sonores, toujours fidèle au poste. C’est l’unique moment pour les danseurs de prendre leurs marques sur scène et prendre conscience des dimensions de la scène.
“Qui a des sixtus?” “Je te fais les yeux?” “Il est où mon tak?” “Eh regadez, Kor-Gael a mis du maquillage!”
Retour en coulisse: on mémorise le programme des danses, toutes et tous ont classé leurs costumes par ordre des danses. les plus grands maquillent les plus jeunes, les parents habillent leurs enfants, on s’assure d’avoir réuni tous les accessoires nécessaires.
“Et le plus important, c’est le sourire!”
Les derniers conseils ont été donnés, Vahag et Chouchane ont mis leur casque pour communiquer avec la régie, Antoine et Nejdeh sont prêts; lever de rideau, top départ.
En alternant les créations artistiques de Chouchane Agoudjian et celles des plus grands chorégraphes du ballet arménien, tels que Karen Gevorgyan (Berd dance ensemble) ou encore Noraïr Mehrabian (ensemble Barekamutyun), les chorégraphies font tantôt écho aux danses de résistance des fedayins d’Arménie Occidentale, proches du sol et vibrantes sous les mélodies du zourna et kopal, tantôt à la grâce infinie des reines du royaume d’Arménie. Les musiques qui accompagnent les danses sont puisées dans le riche répertoire arménien.
“Les filles vous avez trois minutes pour vous changer!”
Pendant que les différents groupes s’alternent sur scène, c’est le sprint final en coulisses, chacun s’entraide pour être sûr de ne pas avoir oublié le moindre accessoire avant de retourner sur le grand rectangle surélevé. Les mamans, mais aussi les alumni de la troupe, tel que Kristina Khachatourian, qui a presque appris à danser avant de marcher, et pour qui le fonctionnement de la troupe n’a pas de secret.
Avec des danses mêlant tradition, couleur et résilience, les danseurs ont fait vibrer Troinex.
Place au kef!
Après les applaudissements chaleureux du public et le discours vibrant de Christine Sedef, place à la fête!
Plus de 200 personnes étaient réunies pour savourer les plats confectionnés par les parents et bénévoles, sous la direction en cuisine de Alexi Doudak et Tatev Khamoyan.
Avec Shant Ghouchian au contrôle de la musique, la soirée ne peut qu’être un succès!
Les kocharis sont lancés par les anciens danseurs et danseuses, suivis de près par tous ceux qui con-naissent les pas. Les curieux n’y échappent pas on leur enseigne les enchaînements afin qu’ils puissent rejoindre la ronde.
Cette année, tout droit venus d’Argovie, des membres de l’ASFV (Armenischer Schul und Familienverein) et leur familles se sont joints aux célébrations.
Parmi ce groupe, le danseur arméno-syrien Armen a été prié d’enseigner “Bagye”, une danse traditionnelle assyrienne très appréciée par les Arméniens. Se sont enchainées quelques danses millénaires qui sont enseignées durant les ateliers bimensuels de la troupe Sanahin, tels que le “dabke de Musaler”, “Mayroqe”, ou encore “Karno Kochari”, une danse de résistance, dansée en hommage à la lutte de nos compatriotes d’Artsakh sous blocus depuis plus de six mois.
Rendez-vous l’année prochaine
Vous l’aurez compris, Sanahin, c’est une histoire de famille, une institution, et un joyau culturel que les Arméniens de Suisse se doivent de préserver et de perpétrer. L’Union Arménienne de Suisse s’engage chaque année pour assurer sa longévité, et remercie chaleureusement toutes celles et ceux qui contri-buent à l’épanouissement de la troupe de danse Sanahin, tous les bénévoles qui ont œuvré pour la réussite de cette belle soirée, et tout particulièrement les familles Doudak, Khachatourian, et Sedef.
La date de la rentrée Sanahin est déjà fixée : rendez-vous le mercredi 13 septembre 2023! Inscriptions auprès de Christine Sedef, 079 758 11 36.
Les danseurs :
Amalia Alves, Gayané Alves, Anna Amirjanian, Ari Avedissyan, Eva Avedissyan, Tsolag Diosdados De Caso, Arek Diosdados De Caso, Lucinée Doudak, Paulina Doudak, Alec Enksezian, Emma Enksezian, Adelina Evdokimova, Lori Ghouchian, Naïri Ghouchian, Sirane Gandolfi, Yeraz Gedik, Dikran Haroutunyan, Kara Haroutunyan, Milana Hovanisian, Kariné Hovhannisyan, Loussiné Hovhannisyan, Rita Kazaryan, Ester Khorkhoruni, Arina Mkhitaryan, Ruben Mkhitaryan, Léa Movsisyan, Mélina Poladian, Sériné Porta, Naïri Sahil, Chahan Sedef, Kor-Gaël Toruslu, Raphael Toruslu, Adana Trochard, Ménua Trochard, Shaké Trochard, Vika Yeganian, Elly Zancanaro, Laura Zancanaro.