Le 3 octobre 2023, sur l’invitation du Groupe parlementaire d’amitié Suisse-Arménie (PGArm) et de la communauté arménienne de Genève, une rencontre a eu lieu au Centre arménien de Troinex avec quelques candidat(e)s genevois au Conseil des États. Plus d’une centaine de personnes s’étaient déplacées pour les entendre sur leur motivation et capacité de freiner la catastrophe humanitaire due au nettoyage ethnique en cours en Artsakh, et connaître leur point de vue sur la situation sécuritaire en Arménie.
Comme indiqué dans notre édition précédente, tous les candidat(e)s avaient été invité(e)s à cette rencontre. Six ont répondu présents et ont participé au débat modéré par Sarkis Shahinian, secrétaire générale du PGArm. Il s’agissait des conseillers aux États Lisa Mazzone (Les Verts) et Carlo Sommaruga (Parti socialiste), des conseillers nationaux Michel Matter (Les Verts Libéraux) et Simone de Montmollin (Parti Libéral Radical) ainsi que des députés au Grand Conseil de Genève Pablo Cruchon (Ensemble à Gauche) et Sébastien Desfayes (Le Centre). Ce dernier n’était pas candidat à l’Assemblée fédérale mais remplaçait le conseiller national Vincent Maître (Alliance du Centre) qui s’était excusé.
Pour Mme de Montmollin, le rôle de la Suisse et de la communauté internationale est d’assurer une certaine stabilité et de maintenir la paix dans la région pour qu’un jour la population arménienne puisse retourner dans les territoires du Haut-Karabagh. Elle ne partage pas l’avis des autres intervenants sur la nécessité d’imposer des sanctions économiques à l’Azerbaïdjan. Ces derniers ont dénoncé le silence des médias pendant toute la période qui a précédé le nettoyage ethnique contre les Arméniens d’Artsakh et l’inaction du Conseil fédéral ainsi que l’orientation de la politique étrangère de la Suisse basée sur des intérêts économiques, de manière générale.
La plupart des candidat(e)s ont fait preuve d’une connaissance remarquable des enjeux et des défis auxquels fait face l’Arménie et ont exprimé leur solidarité du peuple arménien.
Cette rencontre a permis aux personnes présentes de faire part de leurs attentes aux candidat(e)s et en même temps d’avoir un aperçu de la complexité du travail parlementaire et des vues du DFAE sur le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
« Il n’y a pas de compréhension au niveau du DFAE de la réalité qui est en train de se passer » a déploré Mme Lisa Mazzone, co-présidente du PGArm. En compagnie du conseiller national Stefan Müller-Altermatt, également co-président du PGArm, elle avait rencontré le conseiller fédéral Ignazio Cassis, en charge du DFAE. Au nom du PGArm, ils avaient demandé que les choses soient nommées par leur nom comme le nettoyage ethnique et les violations du droit international; qu’une aide humanitaire massive soit accordée à l’Arménie pour l’accueil des réfugiés; qu’une action internationale soit initiée pour condamner les actes de l’Azerbaïdjan; et enfin que la Suisse mette fin au financement des opérations militaires de l’Azerbaïdjan par le biais de Socar.
Lors de cet entretien, le chef du DFAE était assisté de Mme Muriel Peneveyre, cheffe de la division de l’Eurasie et ancienne ambassadrice à Bakou, et Mme Mazzone a remarqué dans les propos de M.Cassis des éléments de langage utilisé par l’Azerbaïdjan. Elle a alerté le public en affirmant qu’il y a un vrai problème au niveau du DFAE et du Conseil fédéral dans le traitement du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan: « On ne reconnaît pas l’agresseur et l’agressé (…) on ne parle pas de nettoyage ethnique qui est en train d’arriver. En faisant ça, on prend un risque énorme pour l’Arménie dans son entier (…) » a-t-elle souligné. Estimant que cette position était inacceptable, elle a ajouté que prochainement une lettre serait adressée au DFAE au nom du PGArm et qu’une autre serait envoyée dans un deuxième temps au Président de la Confédération.
