«Résistance(s)» était le thème du stand arménien du Salon du Livre de Genève qui s’est tenu à Palexpo du 6 au 10 mars 2024.
« Après la tragédie vécue par les Arméniens du Haut-Karabagh (Artsakh), le trouble a gagné les esprits de tous les Arméniens, en diaspora comme sur le territoire national. […]
Résister, c’est refuser la fatalité et sortir du grand « désenchantement ». La création artistique, littéraire, le travail des historiens ou toute œuvre d’analyse sont des opérateurs du corps social, permettant de penser notre condition et de penser de nouvelles possibilités. »
(Extrait du dossier de presse)
Le stand arménien, animé par Alain Navarra-Navassartian (président de Hyestart), responsable programmatique, a tenté, avec ses invités de renom, d’envisager les nouvelles configurations géopo-litiques, de mieux cerner le parcours de figures tutélaires comme celles des époux Manouchian, de déjouer les forces de l’habitude avec de jeunes créateurs, et s’est intéressé aussi à l’atteinte faite à l’héritage culturel arménien durant la guerre et ses suites, de Jérusalem au Haut-Karabagh.
Le stand a été inauguré le 6 mars par Zareh Sinanyan, Haut-commissaire aux affaires de la diaspora de la République d’Arménie, qui était de passage en Suisse. Un hommage a été rendu à Charles Aznavour pour le centenaire de sa naissance en présence de ses deux fils, Nicolas et Misha Aznavour. Les enfants de l’école Topalian ont honoré sa mémoire en chantant quelques-unes de ses chansons.
Le premier invité du jeudi 7 mars fut Guillaume Toumanian, artiste et fondateur de MENK, projet artistique et culturel visant à valoriser et à célébrer la culture arménienne par le prisme des artistes vivants, arméniens et issus de la diaspora, mais aussi non-arméniens ayant un vécu avec l’Arménie.
Les autres invités de la journée, Taline Ter Minassian et Jean-Robert Raviot ont présenté leurs derniers ouvrages: « Sur l’échiquier du grand jeu. Agents secrets et aventuriers (10e-21e siècles) » (Nouveau monde Eds), pour la première et « Le logiciel impérial russe » (Éditions de l’Artilleur), pour le seconde.
Le deuxième jour était consacré au couple Missak et Mélinée Manouchian panthéonisés le 21 février 2024. Plusieurs auteurs de publications récentes dédiées à ces figures emblématiques de la Résistance étaient présents au stand arménien: Claire Mouradian, Astrig Atamian et Denis Peschanski pour « Manouchian. Missak et Mélinée Manouchian, deux orphelins du génocide des Arméniens engagés dans la Résistance française » (Éditions Textuel); Houri Varjabédian, éditrice et traductrice de « Mélinée Manouchian. MANOUCHIAN. Témoignage suivi de poèmes, lettres et documents inédits » (Éditions Parenthèses, Collection Diasporales), et Stéphane Cermakian, traducteur de « Missak Manouchian, Ivre d’un grand rêve de liberté. Poésies » (Éditions Points, Collection Poésie).
Cette journée s’est clôturée avec la présentation du Projet entre France et Arménie « Sois l’ange » par Michel Hallet-Eghayan et Bruno Miachon. Il s’agit d’un dialogue entre littérature, poésie, musique et danse contemporaine réalisé par cinq musiciens arméniens (Ensemble Assonance), quatre danseuses françaises (Compagnie Hallet Eghayan), un narrateur et guitariste (Michel Petrossian) et un narrateur et chorégraphe (Michel Hallet-Eghayan)
Le programme du samedi 9 mars annonçait des intervenants habitués du stand arménien. Ainsi, Maxime Yevadian a présenté son livre « Arménie, un atlas historique » (Sources d’Arménie). Puis, c’était au tour de Gaïdz Minassian d’exposer son analyse de la situation géopolitique en mettant l’accent sur l’importance de renforcer l’État arménien comme objectif prioritaire. Il a ensuite dédicacé son dernier livre « Arménie-Azerbaïdjan, une guerre sans fin? Anatomie des guerres post-soviétiques. 1991-2023 » (Editions passés composés).
Après une rencontre avec le photographe Antoine Agoudjian autour de son œuvre, Claude Moutafian a présenté son dernier ouvrage: « Jérusalem et les Arméniens » (Les belles lettres). Il a été suivi par l’archevêque Khajag Barsamian qui était venu de Rome pour expliquer la menace existentielle à laquelle est confrontée le Patriarcat arménien de Jérusalem ces derniers temps.
Azniv Aslikyan, responsable de la formation des guides touristiques à la fondation KASA, était la première invitée du dimanche 10 mars. Elle a pré-senté son livre sur les nouveaux vins arméniens. Le deuxième livre de la journée était « Politiques de la mémoire » (Éditions Amsterdam), présenté par son auteur Pierre Tevanian. Ce dernier a passé la parole à deux jeunes du mouvement Charjoum de France, qui ont fait un exposé des activités de leur organi-sation. Le dernier intervenant était Guévork Aivazian, artiste plasticien, fondateur de Aivazian Editions.
Tous ces ouvrages ainsi qu’un grand nombre d’autres livres étaient exposés sur le stand et les bénévoles aidaient les visiteurs dans leur choix de livres à acheter.
Inutile de rappeler le rôle pivot d’Alain Navarra-Navassartian dans la réussite du stand arménien. Comme les années précédentes, il a non seulement assuré la programmation, l’animation et la modération des débats, mais a aussi donné trois conférences avec les thèmes suivants: La protection de l’héritage culturel arménien du Haut-Karabagh. Entre indignations inutiles et violences antipatri-moniales, un ethnocide en marche; L’affiche rouge. Que nous dit l’image?; Centenaire de la naissance du cinéaste et plasticien Sergei Parajanov (1924-1990).
Enfin, la popularité du stand arménien est en grande partie attribuable au coin restauration. Les mets délicieux sucrés et salés préparés par des membres de la communauté et servis par des bénévoles ont permis aux visiteurs de prolonger les échanges sur les ouvrages présentés ou de simplement passer des moments agréables.
Pour conclure, l’édition 2024 du stand arménien a été marquée par une absence, celle d’Annie Mesrobian, la cheville ouvrière de la mise en œuvre de cet évènement depuis ses débuts, pour cause de maladie. Nous lui souhaitons bon rétablissement et espérons la revoir au Salon du livre 2025.
M.S.