par Lerna BAGDJIAN
Nous sommes nombreux à avoir repéré l’arcade en travaux, où malgré les bâches qui ont recouvert les vitres de l’angle de l’un des carrefours les plus emblématiques de Genève durant plusieurs mois, l’inscription en doré “ANOUCH” n’est pas passée incognito.
Ouvert depuis le mois de février, le restaurant-librairie “Anouch” est tenu par Tamara Hussian, cheffe franco-arménienne de 32 ans ayant grandi à Annecy, entourée de montagnes, et chez qui la culture arménienne s’est transmise par la cuisine. Voilà déjà quatre ans que son conjoint et elle se sont attelés à ce projet. À droite, l’entrée du restaurant Anouch; à gauche, l’entrée de la galerie Wilde; tenue par son partenaire Barth Pralong. Un tandem créatif qui fait fureur et s’inscrit à merveille à la charnière du quartier des Banques et de Plainpalais.
Tamara trouve son inspiration au carrefour de ses origines et des pérégrinations culinaires de l’Orient à l’Occident qui ont éveillé ses sens et sa créativité sans limite.
Inscrite initialement à la faculté d’histoire de l’art, et ayant “la flemme” de passer ses rattrapages après être tombée malade, elle déviera vers un apprentissage à l’âge de 19 ans après avoir travaillé en plonge en parallèle de ses études et avoir eu le déclic pour la cuisine. Elle se forme au Clos des Sens, trois étoiles Michelin, puis au Bleu Nuit, avant de se lancer comme Cheffe indépendante. Avec l’objectif d’apprendre la langue de ses ancêtres, elle se rend en Arménie durant plusieurs mois en 2017, où elle a effectué de nombreux projets et visites culinaires.
Ouvert du mercredi au samedi, son restaurant propose 20 couverts au maximum pour assurer un service de qualité. Tamara se rend régulièrement au Marché de Plainpalais auprès de ses producteurs favoris; elle privilégie les produits locaux, de saison et de qualité, tout en ne ménageant pas sur les épices ou petites touches venues d’ailleurs.
Chez Anouch, “on ne veut pas d’un restaurant figé dans le temps.”
Tamara s’accommode aux événements professionnels ou festifs, la carte varie selon ses humeurs et ses trouvailles, et le samedi, c’est l’incontournable brunch oriental! Et une fois que le rythme intense des premiers temps sera passé, pourquoi pas des ateliers sous différents formats.
Se rendre au restaurant Anouch, c’est plonger dans un univers où le moindre détail, des ronds de serviette martelé à l’assaisonnement bien dosé, a été étudié avec soin: une décoration sensible et réfléchie, des luminaires et mobiliers réalisés avec des objets de récupération à qui une seconde vie a été allouée, une fresque impressionnante signée Andrea Mastrovito ornant le mur du fond – où les plus observateurs auront remarqué la subtile silhouette de l’Ararat – une cuisine ouverte permettant de guigner si c’est votre plat ou celui de la table voisine qui arrive, une petite librairie avec des livres de gastronomie et d’art juchés dans une étagère originale qui nous font voyager.
Chez Anouch, difficile de sortir de table sans être comblé.
Séduites par le mot “boulgour” sur le menu pour un déjeuner du midi entre amies, nous avons fini nos assiettes bien satisfaites, avec pile de la place pour partager un dessert, la crème brûlée à la fleur d’oranger, accompagnée d’un café savoureux que nous avons particulièrement apprécié, servi dans les belles tasses signées Sirane. Ce n’est pas partout que l’on trouve du bon café à Genève!
Faisant écho aux traditions de l’hospitalité, de l’accueil et du partage de l’Orient, une grande table en bois par l’artiste Rikkert Paauw structure l’espace, et ne peut que vous inviter à partager un verre ou deux, et à passer un bon moment.
Depuis son ouverture, Anouch est complet tous les jours, franc succès. Tamara a toujours voulu un jour être à son compte, elle pense notamment à sa grand-mère paternelle, qui a toujours rêvé d’ouvrir un restaurant.
De cheffe de cuisine à cheffe de chantier; Tamara a le sourire et ne peut que souhaiter “que ça continue comme ça!” malgré les huit mois de retard des travaux de rénovation qui ont été pour elle la plus grande mise à l’épreuve de cette belle aventure qui ne fait que débuter.
Chez Anouch, c’est un peu une histoire de famille; et on se sent un peu chez soi lorsque l’on passe le seuil de la porte. Sa cousine sommelière de formation vous conseillera le meilleur des vins selon vos envies, qu’il soit d’Italie, de France, de Suisse, et bientôt d’Arménie; son acolyte du restaurant le Bleu Nuit l’accompagne en cuisine, tandis que Tamara s’assurera du contrôle de l’assiette du début jusqu’à la présentation, sans jamais perdre des yeux la salle pour s’assurer que tout soit sous contrôle.
Contemporain et authentique, raffiné et envoûtant; Je vous invite à réserver votre table, et à vous laisser transporter dans le monde culinaire de Tamara Hussian.
Anouch* ella!
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*Anouch est un prénom arménien, qui peut également signifier “doux”, “sucré”, “que tu savoures bien”, ou encore ce que notre cœur a envie d’entendre.