AIDE DIRECTE AUX DÉPLACÉS DE FORCE D’ARTSAKH AVEC DES DONS RÉCOLTÉS EN SUISSE

Distribution de réservoir d’eau a Chinari

Le nettoyage ethnique en Artsakh en septembre 2023 a suscité un grand élan de générosité parmi les Arméniens du monde entier. Notre petite communauté de Suisse, s’est également mobilisée pour récolter des dons en faveur des Arméniens d’Artsakh, forcés de quitter leurs terres ancestrales et de se réfugier en Arménie. Face aux besoins immenses provoqués par cette catastrophe humanitaire, la Confédération, le canton et la Ville de Genève, et des organisations suisses se sont joints aux associations et fondations arméniennes pour soutenir les efforts du gouvernement arménien visant à accueillir les déplacés de force dans les meilleures conditions possibles.

Le couple genevois Annie et Raffi Garibian, installé en Arménie depuis quelques années, a géré sur place l’affectation d’une partie des dons récoltés en Suisse, provenant de quelques associations, fondations et de particuliers. Le 25 juin 2024, lors d’une rencontre zoom modérée par Alexis Krikorian, ils ont fait un exposé détaillé des projets réalisés à ce jour.

Ne pouvant pas rester inactif en cette période si tragique pour notre peuple et forts de leur expérience dans la co-gestion de projets en Arménie avec l’association Support our Heroes (SOH) et avec différents clubs Rotary, Annie et Raffi s’engagent immédiatement dans l’achat et la distribution de produits de première nécessité et de jeux pour les enfants.

«L’Arménie a pu accueillir plus de 100 000 réfugiés à peine dans quelques jours. Il n’y a pas eu de camps ni de tentes et nous n’avons pas eu de gens qui dormaient dans la rue, et ceci grâce à la collaboration de toute la population et les aides financières de l’État.» témoigne Raffi Garibian.

Très vite, le couple décide de se focaliser sur les villages frontaliers. «Nous nous sommes rendu compte qu’une grande partie des organisations d’aide oeuvraient autour de Erevan alors que dans les autres régions on peut faire beaucoup plus avec moins d’argent. Par ailleurs, l’Arménie a tout intérêt à repeupler la campagne et surtout les villages frontaliers.» explique Raffi Garibian.

Par ailleurs, très souvent, les organisations d’aide assurent le pilotage de leurs actions à distance étant précisé que d’une part, les déplacements dans les villages prennent beaucoup de temps et d’autre part, les routes sont fatigantes et parfois dangereuses.

C’est dans cette perspective qu’Annie et Raffi se rendent à Noyemberyan où ils rencontrent d’autres acteurs et quelques organisations humanitaires. Ils commencent à collaborer avec Hasmik Azibekyan, représentante de USAID, et l’association des médecins arméniens de Fresno, représentée par Tatul Hakobyan, journaliste originaire de la région. Cette collaboration permettra d’éviter les doublons et dans certains cas, de partager les tâches sans oublier le soutien précieux des maires des villages concernés.

Visite d’une famille à Chinari

Dans un premier temps, le couple Garibian mène des actions dans les villages frontaliers de Tavush, notamment à Chinari, Barekamavan et Movses, où les familles déplacées sont logées dans des maisons abandonnées par leurs propriétaires, immigrés pour la plupart en Russie. Contactés par les maires des villages, ces derniers ont accepté de mettre leurs maisons provisoirement à la disposition de ces familles. Les dons récoltés en Suisse servent à payer des petits travaux de remise en état des maisons pour les rendre habitables, à l’achat de matelas, de duvets et de la literie ainsi que d’animaux d’élevage et de semences pour permettre à ses familles de commencer un petit business d’élevage ou d’agriculture et de subvenir à leurs besoins.

Quant au choix des familles et de l’aide attribuée, Annie Garibian précise: «Nous avons rencontré et interviewé les familles bénéficiaires. Le type et la quantité de l’aide dépend des besoins et du nombre de membres de chaque famille. En général, ce sont des familles nombreuses qui viennent des villages d’Artsakh où elles travaillaient dans l’agriculture ou l’élevage.»

Compte tenu de l’état de désolation qu’ils découvrent dans ces villages, Annie et Raffi décident de ne pas faire de distinction entre les Artsakhiotes nouvellement arrivés et les locaux. Ils intègrent dans leur programme d’aide également ces derniers se trouvant dans des situations similaires. Il convient de noter que les animaux offerts aux familles bénéficiaires sont achetés aux villageois ainsi générant un revenu aux locaux.

Ne se contentant pas de la distribution de l’aide, Annie et Raffi retournent régulièrement dans ces villages pour assurer le suivi des familles et parfois réévaluer leur situation et adapter le programme d’aide. A travers leurs contacts avec Santé Arménie et leurs antennes, ils essaient même de trouver des soutiens psychologiques pour les personnes encore dans la détresse.

Plus tard, une partie de l’aide gérée par le couple sert à acheter 12 motoculteurs partagés en 6 villages: Nerkin Khndzoresk, Hartashen, Shournoukh, Vorotan, Karahunj et Bartsravan.

Ainsi, durant sept mois, Annie et Raffi gèrent en sus des projets en collaboration avec SOH et Rotary Monaco, plus de 50 000 francs en assurant une transparence totale. En effet, tous les paiements sont faits par virement bancaire et aucun mouvement de fonds n’est réalisé en espèces. Ils tiennent une comptabilité détaillée qui, après vérification par Daniel Papazian, est présentée aux donateurs. Il est important de noter que les dons ont été utilisés exclusivement pour l’achat de l’aide fournie aux bénéficiaires, tous les frais de transport, de déplacement et de logistique étant pris en charge par le couple.

Il ressort des déclarations du couple Garibian que leurs contacts directs avec les familles bénéficiaires et les autres acteurs sur le terrain leur ont permis d’avoir une meilleure compréhension des réalités sur place et de créer des liens durables avec leurs interlocuteurs, source de motivation pour continuer leurs actions.

 

2024-09-10T00:19:41+02:00 10.09.24|ARMÉNIE & ARTSAKH, COMMUNAUTÉ, GÉNÉRAL, SUISSE-ARMÉNIE|