MM. Erich Vontobel, Sarkis Shahinian, Vartan Oskanian et Joël Veldkamp (© csi-int.org)

Le 26 mai 2025, une commission parlementaire suisse multipartite réunie à l’hôtel Kreuz à Berne, a lancé l’Initiative de paix suisse pour le Haut-Karabagh.

La commission est composée de 19 députés du Parlement fédéral (voir la liste sur www.swisspeacekarabakh.com) de tous horizons politiques, unis dans leur volonté «de soutenir une solution politique durable au conflit entre l’Azerbaïdjan et la population arménienne déplacée du Haut-Karabagh».

Cette initiative est basée sur la motion 24.4259, adoptée par les deux chambres fédérales, qui demande au Conseil fédéral d’organiser un forum international de paix sur le conflit du Haut-Karabagh afin de faciliter un dialogue ouvert entre l’Azerbaïdjan et les représentants des Arméniens du Haut-Karabagh et de négocier leur retour collectif, en toute sécurité, chez eux.

«Le lancement de ce comité est une étape importante vers la concrétisation de cet enga-gement» a déclaré le conseiller national Stefan Müller-Altermatt (Parti du Centre, SO, co-président du Groupe d’amitié parlementaire Suisse-Arménie). Il a souligné le rôle «extrêmement important» de la Suisse dans la défense des droits humains des Arméniens du Karabagh qui, à la suite de l’invasion et pendant le blocus de neuf mois qui l’a précédée, ont été «affamés, menacés et déportés» par l’Azerbaïdjan

Son collègue parlementaire Erich Vontobel (UDF, ZH) a raconté comment, lors d’un voyage en Arménie en 2024, il a rencontré des réfugiés du Haut-Karabagh. Ceux-ci lui ont demandé de les aider à obtenir le droit de rentrer chez eux. De retour en Suisse, M. Vontobel a déposé une motion en faveur d’un forum de paix à la Commission de la politique extérieure du Conseil national, qui a été acceptée par le Conseil national et le Conseil des
 

États.  «La situation actuelle dans le Caucase du Sud est explosive», a expliqué Erich Vontobel. «Les Arméniens craignent que l’Azerbaïdjan ne conquière l’Arménie après le Haut-Karabagh. Il est donc nécessaire de faire preuve de vigilance et de faire un pas vers la paix et le dialogue. C’est précisément l’objectif de l’Initiative suisse pour la paix. Le forum pour la paix doit être organisé maintenant!»

Dans une vidéo, Vardan Tadevossian, ancien ministre de la Santé du Haut-Karabagh, directeur d’un centre de réhabilitation, a décrit le stress psycho-logique que l’invasion azerbaïdjanaise et l’expulsion ont provoqué chez les personnes handicapées.

«Dans un environnement qui leur est totalement étranger [en Arménie], ils ne trouvent plus rien qui soit adapté à leur situation, a déclaré M. Tadevosyan. Je demande aux parlementaires suisses de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour que le forum de paix et le retour dans leur patrie deviennent réalité.»

Vartan Oskanian, ancien ministre des Affaires étrangères de l’Arménie et actuel président du Comité pour la défense des droits fondamentaux du peuple du Haut-Karabagh, a également souligné la dimension humaine du conflit. «Les gens veulent simplement rentrer chez eux», a-t-il déclaré. Il a renvoyé à une décision de la Cour internationale de justice ainsi qu’à deux résolutions du Parlement européen qui exigent toutes le respect du droit au retour

Sarkis Shahinian, secrétaire général du groupe d’amitié parlementaire Suisse-Arménie, et le conseiller aux États Carlo Sommaruga (PS, GE) ont rappelé que la Suisse assumera la présidence de l’OSCE en 2026. Pour cette raison également, la Suisse pourrait «jouer un rôle fondamental dans la mise en place d’un forum de paix au Haut-Karabagh»

M. Shahinian a appelé la Suisse à soutenir l’activation du «mécanisme de Moscou» de l’OSCE, qui soumettrait l’Azerbaïdjan à une enquête interna-tionale sur le nettoyage ethnique du Haut-Karabagh et l’emprisonnement et la condamnation illégaux de vingt-trois Arméniens: «L’application du mécanisme de Moscou renforcerait l’OSCE et créerait un précédent pour les crises humanitaires futures.»

Joel Veldkamp, responsable des communications internationales de Christian Solidarity International, a noté que la communauté interna-tionale n’avait pas été capable ou n’avait pas voulu réagir efficacement à l’escalade de la violence au Haut-Karabagh. Mais il y avait des signes d’un «nouvel appétit pour la paix et la coopération». «Toutes les grandes puissances – les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et la Russie – ont intérêt à éviter une nouvelle guerre dans le Caucase et à établir une paix durable», a-t-il déclaré

Le 10 juin 2025, lors d’une séance de questions adressées au Conseil fédéral, le conseiller national Erich Vontobel a souhaité obtenir des informations sur l’état d’avancement des préparatifs relatifs au forum de paix. Dans sa réponse, le Conseil fédéral a expliqué que l’Azerbaïdjan refusait pour l’instant d’y participer en rappelant que «les interlocuteurs des autorités suisses sont les autorités arméniennes et azerbaïdjanaises».

Les autorités azerbaïdjanaises avaient également souligné qu’elles ne reconnaissaient aucune entité du Haut-Karabagh. Pour elles, il était donc exclu de participer à un forum tel que celui demandé par la motion. «Au vu des positions exprimées, le DFAE ne peut actuellement pas planifier l’organisation d’un forum au sens de la motion 24.4259. Il continue à suivre la situation de près et offre ses bons offices si les deux pays le souhaitent.»

Le 18 juin 2025, dans une importante manifestation de soutien international, les députés britanniques Jim Shannon et Lord Alton of Liverpool ont publié une déclaration commune au nom du groupe parlementaire multipartite sur la liberté internationale de religion ou de conviction (APPG FoRB), approuvant l’initiative de paix suisse sur le Haut-Karabagh.
La déclaration signée par plus de 110 parlementaires britanniques membres de l’APPG, salue l’effort mené par la Suisse pour établir un forum de paix international qui permettrait un dialogue ouvert entre l’Azerbaïdjan et la population arménienne déplacée de force du Haut-Karabagh.
Les parlementaires britanniques soulignent la nécessité de garantir le droit au retour des Arméniens déplacés de la région, la protection des droits de l’homme fondamentaux – y compris la liberté de religion telle qu’elle est définie à l’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme – et la sauvegarde du patrimoine culturel et spirituel arménien.
«Le rétablissement de la sécurité, de la dignité et de la stabilité pour toutes les communautés du Haut-Karabagh est vital non seulement pour des raisons humanitaires, mais aussi pour la paix régionale dans une zone dont l’importance géopolitique et économique ne cesse de croître», peut-on lire dans la déclaration.