Eléctions législatives: Les membres de l’équipe des observateurs partis de Suisse partagent avec Artzakank leurs motivations et impressions.
Garo Toroslu:
C’était une opportunité pour moi de servir l’Arménie directement et sur place. En participant à cet événement j’ai voulu y être présent et, à mon niveau, être utile. De plus, c’était la première fois que je devenais observateur.
Grâce à cette expérience j’ai mieux compris le rôle des observateurs et ce que c’était une votation en Arménie avec ses différents techniques et outils de contrôle. Pendant les 23 heures que j’ai passées dans le bureau de vote le jour de la votation j’ai rencontré des gens sublimes et corrects tout comme des gens louches. Par ailleurs, je me suis rendu compte de la situation catastrophique du pays où les pauvres continuent à plonger dans le noir et la classe moyenne est réduite à néant. J’ai vu et entendu l’immensité du manque d’espoir surtout chez les jeunes qui ne pensent qu’à quitter l’Arménie n’y voyant plus leur avenir. Il y a eu heureusement de points positifs car, en 3 jours, j’ai fait beaucoup plus d’amis que ces 10 dernières années. Enfin, j’ai pu admirer le soleil de ce pays et tout ce qu’il éclairait à Erevan tant bien que mal…
Raffi Garibian:
En avril 2016 après l’agression azerbaïdjanaise sur l’Artsakh il est devenu évident pour moi que l’action de la diaspora en Arménie devait changer de forme. Ensuite, lors des évènements de juillet (opération des Sasna Tsrer) où nous avons manifesté notre inquiétude quant à l’avenir des habitants de l’Arménie (voir le communiqué des associations arméniennes de Suisses dans Artzakank N° 206) il était clair pour moi que je devais agir aux côtés de notre peuple. Quand, sous l’impulsion de Arsiné Khandjian, un appel fût lancé à la diaspora de participer aux élections législatives en tant qu’observateurs, je savais que j’allais être non seulement de la partie mais que j’allais essayer de motiver d’autres personnes de notre communauté. Certes être observateur ne résout pas la situation politique en Arménie mais notre apport se situe sur un plan psychologique: Cela donne au citoyen un début de confiance en soi et contribue à une prise de conscience que son vote peut changer son avenir.
Mon rôle d’observateur m’a permis de mieux comprendre les enjeux et le fonctionnement du landernau politique arménienne. J’ai pu aussi observer personnellement ce que l’on entendait de diverses sources: Oui, fraude il y en a eu, même si elle a été moins systématique qu’auparavant mais il y a surtout eu l’achat de voix et votes sous influence. Si l’observateur était vigilant et attentif il arrivait a en empêcher un certain nombre mais évidemment pas tous. Le résultat est tout de même positif et peut être mesuré en comparant les résultats des différents bureaux de vote. J’ai également découvert une jeune génération, des femmes en majorité, très bien formée, prête à relever ce nouveau défi et enfin, j’ai pu ressentir les réelles aspirations de la population.
Sevan Pearson:
J’ai lu l’appel de Citizen Observer dans Nouvelles d’Arménie Magazine et j’ai eu envie d’apporter ma contribution à l’édifice démocratique en Arménie. L’été dernier, lorsque les Sasna Tsrer ont tenté une révolution, j’ai saisi à quel point une grande partie de la population était désespérée. Il m’est donc apparu important, en tant qu’Arménien de la Diaspora, de m’impliquer non seulement dans des projets humanitaires ou de développement, mais également dans la construction même de la démocratie et de l’Etat de droit. Certes, être observateur n’est qu’une contribution modeste, mais comme on le dit souvent, « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». Il y a quelques années il y avait dix observateurs de la Diaspora; en 2017, nous étions 310. J’espère que la prochaine fois, nous serons plus de 2000, afin de couvrir tous les bureaux de vote!
Cette expérience m’a beaucoup apporté! D’abord, le terme d’irrégularité, voire de fraude m’est devenu plus concret. J’ai pu observer de mes yeux les méthodes utilisées pour influencer les résultats. Par ailleurs, bien qu’au courant de la politique locale, participer en tant qu’observateur m’a permis de me familiariser davantage avec le paysage politique arménien. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des personnes extraordinaires et je me suis fait de nouveaux amis et de nouvelles amies. Enfin, voir cette émulation de la nouvelle génération, prête à s’investir pour l’avenir de l’Arménie, que ce soit au niveau personnel ou via des ONG, m’a rassuré. Même si les problèmes sont énormes au pays de l’Ararat, il y a de l’espoir et chacune et chacun en Diaspora peut apporter sa pierre à l’édifice.
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