« ZARTIR LAO … »

Manifestation devant le Sénat français le 23 janvier 2012 (photo: A.Gelebart / 20 Minutes)

par Maral Simsar

«Zartir Lao» (Réveille-toi, mon enfant) sont les premiers mots du refrain d’un chant des partisans arméniens en lutte contre l’oppression du sultan turc au XIXème siècle; un chant dans le dialecte des habitants de Mouch, qui a fait dernièrement le tour des écrans des Arméniens du monde entier à l’occasion de l’adoption par le Sénat français de la loi visant à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi. «Zartir Lao», s’élevant des bouches des Arméniens français réunis devant le Sénat ce 23 janvier 2012 était un moment fort pour ceux et celles parmi nous qui avons suivi le parcours de cette loi depuis son adoption par l’Assemblée nationale puis par le Sénat jusqu’à sa censure par le Conseil constitutionnel le 28 février dernier.

Pourquoi avoir choisi «Zartir Lao» parmi tant d’autres chants plus populaires? Les Arméniens rassemblés autour du Palais Luxembourg ce jour-là étaient certes conscients de l’existence de manœuvres et manipulations politiques derrière cette loi, mais ne savaient pas encore que celle-ci s’écroulerait sous les pressions insoutenables et nauséabondes de parlementaires, sénateurs, juristes et historiens habiles dans l’art de la rhétorique, minutieusement orchestrées par des médias. Cependant, pressentaient-ils que quelques semaines plus tard, sous le prétexte de commémorer les événements de Khodjalou survenus en 1992, des milliers de manifestants turcs exprimeraient leur haine raciste anti-arménienne dans plusieurs villes de Turquie en proférant des menaces telles que «Aujourd’hui Taksim, demain à Erevan: Nous descendrons sur vous subitement dans la nuit», «Le mont Ararat deviendra votre tombe», « Karabagh sera le cimetière des Arméniens » etc., nous rappelant ainsi les horreurs vécus par nos grands-parents et arrière grands-parents?

Il est évident que la machine de guerre turco-azérie mettra tout en œuvre, en usant de tout son poids financier, politique et économique, pour freiner toute avancée de la cause arménienne à travers le monde, faire passer les bourreaux pour des victimes et affaiblir, voire détruire l’Arménie et l’Artsakh.

«Zartir Lao»! Cet appel devrait retentir aujourd’hui au plus profond de nos cœurs, comme un cri d’alarme. Il ne peut pas nous laisser indifférents surtout que l’offensive d’Ankara s’étend actuellement sur la Suisse où un ministre turc a nié le génocide des Arméniens dans les jours qui ont suivi l’adoption de la loi française susmentionnée

. Au moment où nous mettons ce numéro sous presse, l’enquête préliminaire ouverte contre ledit ministre par le ministère public de Zurich est toujours en cours. «Zartir Lao» nous invite dès lors à nous rassembler pour agir efficacement car la lutte pour la justice et la défense de notre dignité a encore un long chemin à parcourir.

2017-12-02T00:06:40+01:00 19.03.12|ÉDITORIAL, GÉNÉRAL|

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