Il y a trois ans, la Fondation KASA n’aurait même pas imaginé qu’il serait possible d’accueillir à KASA environ 1500-2000 personnes déplacées et de leur offrir un «refuge» tout en leur servant de mentor, en leur offrant des formations en vue d’améliorer leurs moyens d’existence et d’accroître leurs opportunités d’emploi, en les impliquant dans la vie socioculturelle de l’Arménie à travers des projets d’intégration sociale, économique et culturelle. Aujourd’hui, cela est déjà une réalité, et c’est avec fierté que nous pouvons constater que chez la majorité des personnes déplacées, KASA évoque l’image d’une organisation de jeunes actifs et motivés qui rendent Possible l’Impossible.
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Le conflit syrien a profondément marqué l’Arménie. Depuis 2011, la guerre civile éclatée en Syrie a forcé une partie importante de la population syrienne à fuir le pays. De ce fait, durant les dernières années, beaucoup de Syriens d’origine arménienne ont immigré en Arménie. Celle-ci a dû faire face à maints défis, notamment en matière d’intégration de familles et d’individus nouvellement arrivés. Le flux continu depuis le début de la crise a exercé une forte pression sur la capacité du pays à répondre aux besoins croissants. Depuis lors, nombre d’organisations mènent des projets dans le but de fournir l’assistance nécessaire aux familles déplacées de Syrie. La plupart de ces projets mettent l’accent sur l’aide humanitaire, ce qui est évidemment remarquable. Pourtant, ces familles se heurtent en fait à des défis notables, surtout sur le plan de leur intégration sociale, économique et culturelle. En partenariat avec l’UNHCR, KASA a entrepris le processus exaltant d’améliorer la vie des personnes déplacées.
En dépit des difficultés rencontrées la Fondation met actuellement en œuvre, dans ses centres d’Erevan et de Gumri, des activités dans le cadre du programme «Intégration des réfugiés à travers l’éducation et les opportunités d’emploi», qui se situent à trois niveaux: intégration sociale, amélioration des moyens d’existence et interaction culturelle. La plupart de ces activités se tiennent en groupes mixtes, réunissant les nouveaux arrivants et les Arméniens locaux, en vue de promouvoir une bonne intégration, objectif majeur du programme.
Ci-après, certains de nos bénéficiaires partagent leurs histoires d’intégration, en prouvant à travers plusieurs cas que la vie en Arménie est difficile mais possible…
«Je suis né en Irak. Il y a dix ans, je suis venu avec ma famille habiter en Arménie. Avant de déménager, nous nous sommes installés en Syrie, pour une courte période. Au début de mon installation en Arménie, j’ai rencontré de grands problèmes d’intégration mais j’ai réussi à les surmonter et à démarrer une nouvelle existence. De plus, je me suis mis à prendre une part active dans différents projets à caractère social et humanitaire. «Accueillir une famille» en est devenu un. Ce projet m’a offert l’opportunité unique de partager l’expérience que j’avais acquise en surmontant les difficultés d’intégration avec des personnes se trouvant dans la même situation. Une agréable surprise m’attendait à ma première rencontre avec la famille que j’étais censé «accueillir». Il s’est avéré que nous avions été voisins en Syrie, et ils ont reconnu en moi le petit garçon jouant dans la cour avec leurs enfants. Nous nous sommes mis à parler de notre quartier et des jours heureux passés ensemble en Syrie. Ces retrouvailles étaient formidables pour moi», raconte un volontaire irakien parfaitement intégré ayant «accueilli» une famille de Syrie.
«L’âge n’a pas d’importance, il y a toujours une meilleure manière de faire preuve de son enthou-siasme dans toutes sortes d’activités culturelles ou sportives. C’est toujours un plaisir d’avoir de telles sortes d’activités interactives ensemble avec les gens de KASA», avait constaté l’un des participants d’un autre projet appelé «Rejoins la Communauté», ayant réuni réfugiés et demandeurs d’asile d’origine non arménienne, ainsi que des Arméno-Syriens, en les impliquant dans divers événements culturels et sportifs et des rencontres interculturelles.
Nous avons beaucoup à partager en faveur des personnes déplacées durant ces années, vu la diversité de nos activités propres, mais une chose est claire: nous faisons vraiment de notre mieux pour inciter les gens à être autonomes, confiants en eux, sans se laisser bloquer par leur récent passé. De fait, ils enrichissent l’Arménie en partageant leur culture et en apportant une nouvelle manière de penser. Le projet d’éducation professionnelle, qui consiste en une série de formations à différents métiers, a été élaboré notamment dans le but de renforcer leurs capacités dans les métiers de la cuisine, de la coiffure, de la manucure, etc. Nous nous réjouissons de constater qu’aujourd’hui, environ 30-40% des personnes formées dans le cadre de ce projet ont trouvé un emploi.
Il est particulièrement intéressant de souligner combien nos jeunes s’engagent à améliorer la vie des personnes déplacées en Arménie. Ainsi nous avons été impressionnés de constater que près de 200 candidats ont postulé pour seulement 15 postes de volontaires dans le cadre du projet «Accueillir une famille». La motivation de tous ces jeunes n’est pas seulement de déployer leurs efforts en vue d’aider à faciliter l’intégration des familles déplacées, mais aussi de créer un réseau solide, qui inclue agences étatiques et autres organisations apportant leur soutien à ces familles.
La situation demeure tout de même difficile, compte tenu des conditions économiques locales très limitées et de la récente escalade du conflit en Artsakh. Parmi les personnes arrivées en Arménie, nombreuses sont celles qui cherchent encore des moyens de continuer leur route vers l’Europe occidentale ou le Canada, tandis que certaines rêvent du jour où elles pourront retourner chez eux…
Il est d’une importance cruciale de pouvoir gérer de façon intelligente la plus grande ressource que nous possédons en Arménie, notre capital humain. Le message que nous essayons de faire passer et espérons que notre gouvernement va également comprendre, c’est que la compréhension mutuelle et la coopération avec les personnes nouvellement arrivées de Syrie apporte un large éventail d’expériences, de compétences et de savoirs, hautement profitable au développement de notre pays.
Anahit Minasyan
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Les bénévoles du projet «Accueillir une famille» témoignent …
Au cours de notre bénévolat, nous avons appris à être positifs et optimistes et à profiter de la vie au maximum.
Durant les derniers mois de 2015, ma femme et moi avons eu l’honneur de faire du bénévolat dans le cadre du projet «Accueillir une famille». Nous croyons fermement que c’est le devoir de chaque Arménien d’aider les gens ayant fui la guerre sans pouvoir rien emporter, en laissant derrière toute une vie. «Accueillir une famille» est une excellente occasion d’apporter un petit changement positif à ces personnes qui essayent de refaire leurs vies et se heurtent sur ce chemin à maintes difficultés. Cependant, le projet n’est pas unilatéral. Nous avons beaucoup appris de notre famille «accueillie»: comment rester positif et optimiste et profiter de la vie au maximum même après avoir survécu aux horreurs de la guerre; comment tenir bon et réussir dans la recherche de nouvelles opportunités dans un pays en développement comme l’Arménie; comment avoir une énergie sans limites pour aller à la découverte de son nouveau pays d’origine et enfin, tout simplement, comment être heureux. Nous espérons que cette expérience, vraiment inoubliable pour nous, l’a été aussi pour la famille que nous avons eu le plaisir d’«accueillir».
Le projet m’a inspiré à aider moi-même d’autres personnes déplacées.
Il y a deux ans que ma famille a déménagé en Arménie, à cause de la guerre en Syrie. Pendant les premiers mois de notre séjour, nous avions à nos côtés une volontaire qui nous a beaucoup aidés durant le processus d’adaptation dans le nouveau pays. Très vite, elle est devenue une personne chère à notre famille. Elle m’a beaucoup inspirée, et une année après notre installation, j’ai décidé que c’était mon tour de m’engager en tant que bénévole dans le même projet, pour accompagner les familles déplacées, arrivées récemment en Arménie. J’ai «accueilli» une famille avec trois enfants et, au départ, je n’étais pas sûre d’être en mesure de les aider. Cependant, très tôt, nous sommes devenus si proches que les membres de la famille ont commencé à m’appeler «leur sœur». Les enfants ayant été particulièrement affectés par la guerre, j’ai organisé pour eux beaucoup d’activités divertissantes, de sorte qu’ils sont devenus peu à peu plus sociables et moins stressés. D’autre part, moi aussi j’ai bénéficié du projet: je me suis fait des amis avec des jeunes locaux très gentils et actifs.
L’enfant d’un an et demi de ma famille «accueillie» prononce mon prénom.
Avant le démarrage du projet, j’avais du mal à m’imaginer qu’il était possible de créer si vite des relations chaleureuses avec une famille déplacée. Pourtant, je ne pourrais pas exprimer en mots l’émotion qui s’est emparée de moi lorsque, peu de temps après le début de nos échanges, j’ai entendu l’enfant d’à peine un an et demi de ma famille «accueillie», qui commençait à peine à parler, prononcer déjà mon prénom. Quoi que je fasse, que ce soit une visite à domicile, l’organisation d’une promenade dans la ville ou un simple appel téléphonique, je reçois les remerciements de chacun des membres de la famille. Le mot «fierté» est bien insuffisant pour décrire mes sentiments.
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