Dix ans après son documentaire « Arménie, terre de résilience » (octobre 2013), Hervé Magnin retourne en Arménie en été 2023 pour tourner « L’art d’être vivant. Retour en Arménie ». Il réalise des interviews avec différents interlocuteurs alors que le nettoyage ethnique est en cours en Artsakh et sera achevé quelques mois plus tard par l’exode forcé de sa population.
A travers des témoignages poignants, le film explore la vie sous la menace d’une nouvelle guerre imminente de ces personnages, qui font preuve de résistance et de résilience. Les discussions autour du contexte géopolitique explosif dans lequel évolue l’Arménie depuis la guerre de 44 jours gardent toute leur actualité.
Hervé Magnin est un artiste savoyard accompli qui a plusieurs cordes à son arc: Formé aux arts plastiques, il est réalisateur, comédien, écrivain, conférencier, musicien et psychothérapeute. Presque toutes ses œuvres convergent vers une société plus respectueuse du vivant sous toutes ses formes, dans une perspective de développement durable, avec plus de solidarité internationale, de justice sociale et de respect des droits humains. En tant qu’artiste engagé, il met son art au service de différentes causes qu’il défend.
« Mon attachement à l’Arménie et le peuple arménien est profond et assez mystérieux » explique-t-il. « J’ai découvert l’Arménie à travers le film Mayrig de Henri Verneuil, ainsi que la violence du génocide. » En 2012, pendant un séjour au Liban, suite à une conversation avec un Arménien à bord d’un bus, il décide d’aller en Arménie.
« C’est un voyage qui a duré environ 4 mois. En 2013, parti en auto-stop, j’ai traversé toute la Turquie. À Doğubayazıt, j’ai fait un rêve étrange où je me voyais brandir le drapeau arménien sur le Mont Ararat. » Il réalise ce rêve qui deviendra une des séquences de son premier documentaire sur l’Arménie.
Arrivé en Arménie, il décide spontanément de faire un film sur le génocide. Ne connaissant personne sur place, il commence à discuter avec des gens dans la rue. « J’ai vite constaté qu’ils n’avaient pas envie de parler du génocide, puis j’ai eu l’idée de travailler sur la résilience collective des peuples, une idée qui ne m’a pas lâchée depuis 10 ans » fait-il remarquer.
Quant à la question de savoir comment il est entré en contact avec les personnes qu’il a interviewées dans ses films, Hervé Magnin fait remarquer que quand un non-Arménien arrive dans le pays avec l’intention de réaliser un film, on lui ouvre pas mal de portes. « C’était pareil en Palestine et ailleurs » dit-il. « Je suis une personne sociable et j’aime découvrir les gens. J’ai commencé à les aborder dans la rue, ils m’ont mis en contact avec d’autres personnes et au bout de 2 mois j’ai créé un réseau assez conséquent. »
Quel regard porte-t-il aujourd’hui sur la résilience du peuple arménien? La réponse est dans le film « L’art d’être vivant. Retour en Arménie » …