par Maral SIMSAR
Il y a vingt ans, le 9 mai 1992, les forces d’autodéfense de l’Artsakh libéraient la ville historique de Chouchi et le 18 mai, reconquéraient le district de Latchin/Kashatagh brisant ainsi le blocus de l’enclave et ouvrant un corridor, baptisé « la route de la vie », pour relier l’Artsakh à l’Arménie, après une séparation qui avait duré plus de 70 ans.
La libération de Chouchi a été un point tournant dans l’histoire contemporaine du peuple arménien. Mais qui plus est, elle a remis en question sa perception fataliste de l’histoire, forgée par une expérience collective de plusieurs siècles de servitude et de soumission aux Turcs ottomans. En effet, après les massacres de Soumgaït, de Kirovapat et de Bakou dans les années 1988-1990, il nous semblait que l’histoire se répétait et que nos frères et sœurs d’Artsakh seraient victimes d’une purification ethnique de la part des forces azéries. Alors que nous étions envahis par ces sentiments de désespoir et d’impuissance, les nouvelles concernant les victoires arméniennes ont été accueillies avec stupeur par les communautés de la diaspora. Il nous a fallu du temps pour saisir toute l’importance de cet événement marquant, qui a non seulement assuré la sécurité du peuple d’Artsakh et renforcé une bonne partie des frontières de l’Arménie, mais nous a aussi restitué notre dignité en tant que peuple, trop habitué aux victoires morales…
Au cours de ces vingt dernières années, une nouvelle génération, n’ayant connu que l’Arménie et l’Artsakh indépendantes, a grandi en Arménie et dans la diaspora. De ce fait, elle ne devrait pas avoir les mêmes complexes et appréhensions qui ont caractérisé les générations précédentes. Les dernières commémorations du génocide arménien à travers le monde ont mis en évidence une participation massive de nos jeunes. Cependant, il est aussi important de mobiliser la nouvelle génération autour de nos acquis plus que précieux: L’Arménie et l’Artsakh, ainsi que leur population. La victoire militaire a certes assuré leur sécurité mais ne s’est pas encore traduite en victoire tant en politique intérieure qu’internationale. Il est dès lors de notre devoir de contribuer à l’édification d’un État fort, basé sur la justice et le respect des droits humains, capable d’assurer le bien-être et l’épanouissement de ses ressortissants et de défendre leurs droits au niveau mondial. C’est là que nous devons concentrer nos efforts pour que l’héroïsme et le sacrifice de nos combattants n’aient pas été vains.
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