DR. JEAN-PIERRE BERNHARDT (1934-2021)

Créateur, animateur durant 30 ans et président d’honneur de la Fondation Suisse pour les enfants malades en République d’Arménie (SEMRA PLUS)

Tristesse, gratitude, admiration. La mort du Docteur Jean-Pierre Bernhardt survenue le 8 février 2021 a suscité une très profonde émotion parmi toutes celles et tous ceux qui ont eu la chance de le connaître et, à des titres divers, de prendre part à ses innombrables activités. Son nom restera plus particulièrement lié à son engagement en faveur de l’Arménie, de l’Hôpital pédiatrique ARABKIR à Erevan et de sa Fondation SEMRAPLUS.

«Une vie privilégiée, centrée sur le partage avec les humains, mes frères…»

C’est ainsi que Jean-Pierre Bernhardt a résumé son existence dans un texte magnifique qu’il avait rédigé en 2017 déjà en prévision de son décès et qui a été lu par sa fille Mathilde lors de l’émouvante cérémonie qui s’est tenue au Temple de Porrentruy. Sa vie familiale, sa carrière professionnelle, son aventure arménienne, autant de privilèges à ses yeux. Pour autant, il n’a jamais voulu être un «notable». Il lui suffisait d’être modestement un être humain soucieux d’agir, de servir et de partager. Alliée avec une autorité toute naturelle et une ténacité discrète, sa générosité, ne faudrait-il pas plutôt parler ici de «bonté», lui permettait de surmonter les obstacles et de rallier à soi les bonnes volontés.

«La solidarité n’est pas qu’un devoir, c’est un plaisir!»

Cette phrase lui était devenue une forme de devise. La solidarité était assurément pour lui une valeur cardinale qui a déterminé tous ses engagements. Qu’il s’agisse de sa relation à ses patients et à ses collègues dans son activité de médecin-chef à l’Hôpital de Porrentruy, de son soutien indéfectible à l’Arménie, de son action au service d’Arabkir et des enfants malades en Arménie, de son accompagnement à des personnes souffrant d’addictions, et bien d’autres causes encore dont il ne faisait pas état. Toute une série de «devoirs» dont il s’acquittait avec un plaisir évident et communicatif, comme si cela allait totalement de soi.

«Ce n’est pas possible de ne pas aimer l’Arménie!»

Dès son premier séjour à Erevan, dans les jours qui suivent le tremblement de terre catastrophique de décembre 1988, dans le cadre de la mission d’urgence dont la Société suisse de néphrologie lui a confié la responsabilité, Jean-Pierre s’est littérale-ment épris de l’Arménie et de sa population. Avec le temps, cet amour n’aura cessé de se renforcer et de se concrétiser. Trente années de dévouement intense, une quantité incroyable de voyages sur place, de très nombreux projets menés à bien pour contribuer à faire de l’Hôpital Arabkir le centre de référence en Arménie en matière de pédiatrie, un incroyable réseau de partenaires en Suisse mais aussi dans d’autres pays ainsi, bien sûr, qu’en Arménie, une foule de bénévoles toujours prêts à se mobiliser à ses côtés, une Fondation, SEMRAPLUS, appelée à appuyer et poursuivre son œuvre. Tout cela, de manière totalement bénévole, afin de permettre aux enfants arméniens de bénéficier de soins comparables à ceux qu’on connaît en Suisse. Son «arménophilie» l’a conduit, en dépit des difficultés, à vouloir et savoir parler, écrire et lire en arménien. De même, il s’est familiarisé avec la riche culture de ce pays, notamment avec sa musique. Il a ainsi contribué à sauver de l’oubli l’œuvre du compositeur Stéphan Elmas. Cette «fibre arménienne», il l’a transmise à sa famille, à ses amis et à quantité de personnes dans le Jura et en Suisse. Sa maison de Courtedoux était de ce fait devenue «une auberge arménienne» accueillant généreusement des amis et de stagiaires de là-bas. Cet amour a été payé en retour. Les autorités d’Arabkir ont baptisé de son nom l’un des bâtiments de l’hôpital. Le Gouvernement lui a décerné un passeport arménien dont il n’était pas peu fier. Le personnel d’Arabkir lui témoignait à chacun de ses passages une véritable ferveur. Et il aura vécu avec son «ami-frère», Ara Babloyan, une exceptionnelle affinité élective qui ne s’est jamais démentie. Laissons la conclusion à Jean-Pierre Bernhardt: «J’ai donc été largement récompensé par le rôle que j’ai pu jouer et je n’attends vraiment rien de plus.»

Trente ans après, les deux «amis-frères», Ara et Jean-Pierre, retrouvent Zohrab, l’un de leurs tout premiers petits patients, qu’ils ont sauvé de la mort à la suite du tremblement de terre de 1988

2021-05-06T23:18:27+02:00 06.05.21|GÉNÉRAL, SUISSE-ARMÉNIE|