Le sort du patrimoine culturel arménien situé sur les territoires occupés de l’Artsakh continue de préoccuper les experts et les Arméniens de manière générale. Selon un décompte établi par le bureau du Défenseur arménien des droits de l’homme, près de 1 500 monuments seraient passés sous le contrôle de l’Azerbaïdjan dont 161 monastères et églises, 345 pierres tombales historiques et 591 khatchkars, véritables témoignages de la présence arménienne ancestrale sur ces terres, auxquels s’ajoutent 127 bibliothèques scolaires avec 617 000 livres, 3 bibliothèques régionales avec 68 398 fonds de livres, 10 musées d’État et 2 musées privés avec de nombreux objets. Plusieurs actes de profanation, de destruction et de dénaturation par effacement des inscriptions arméniennes ont été documentés et rapportés par les médias. Ces risques restent très élevés en l’absence d’observateurs et de journalistes impartiaux dont l’accès aux territoires en question n’est toujours pas autorisé par Bakou.
Depuis plus d’un siècle, les Azerbaïdjanais tentent de s’approprier l’héritage culturel arménien d’Artsakh en développant une théorie, non reconnue par la communauté scientifique internationale, selon la-quelle celui-ci appartiendrait au royaume antique d’Albanie du Caucase et non pas aux Arméniens, qui seraient arrivés plus tard dans la région. Le phénomène a pris de l’ampleur après la guerre de 44 jours notamment par le biais d’une petite communauté qui se fait appeler « l’Église apostolique albanienne d’Azerbaïdjan », un relais de la propagande azérie réunissant quelques centaines d’individus. En effet, le fondateur de cette communauté, Robert Mobili, et son « chef spirituel » Rafik Danakari organisent des « pèlerinages » dans des sanctuaires arméniens passés sous contrôle azéri et participent à des tables rondes et congrès pour revendiquer le patrimoine religieux arménien.
Face à la menace de disparition qui vise les biens culturels et spirituels arméniens dans les territoires occupés et en l’absence d’une réaction ferme de la part des instances internationales, quelques initia-tives ont été lancées afin de les recenser et de sensibiliser la communauté internationale à la destruction et à la violation de l’héritage historique arménien.
Une de ces initiatives est monumentwatch.org qui a été créée au début de l’année par les professeurs Hamlet Petrosyan (Arménie) et Anna Leyloyan-Yekmalyan (France). Avec un groupe comprenant des archéologues, des architectes, des anthropologues culturels, des spécialistes des études arméniennes, des spécialistes des médias et des traducteurs, ils ont monté une plateforme académique dont le but principal est de cartographier et d’inventorier le patrimoine culturel immobilier sur les territoires occupés d’Artsakh et dans la zone frontalière avec l’Azerbaïdjan, ainsi que de constater l’état actuel des monuments et de présenter l’en-semble de ces éléments à la communauté scientifique internationale.
Pour en savoir plus sur cette initiative et la campagne menée par l’Azerbaïdjan pour effacer les traces des Arméniens sur les territoires passés sous leur contrôle, nous avons réalisé une interview avec le professeur Hamlet Petrosyan.