INTERVIEW AVEC VÉRONIQUE GIRARDET

Véronique et Blaise Girardet avec Zara Lavtchian, Azniv Aslikian et Tatevik Baghdassarian de l’équipe KASA

SOUTIEN AUX PROJETS ÉDUCATIFS DE KASA

« Pour nous, c’est fantastique d’être en lien avec des gens éminemment positifs et motivés, qui peuvent déplacer les montagnes. Cela nous donne beaucoup d’énergie. »

« E-Learning », « Jeunes citoyens » et « Entrepreneuriat social » sont des projets phare de la Fondation KASA, qui reflètent parfaitement sa vision de « privilégier une société de citoyens ouverts, autonomes, acteurs d’un changement signifiant dans un monde en rapide mutation ».

Ces projets bénéficient du soutien de la fondation Covalence de la famille Girardet, basée à Genève. D’origine arménienne par son grand-père maternel, la présidente Véronique Girardet nous raconte l’histoire du partenariat de la fondation avec KASA.

Artzakank: Quand et comment à été créée la fondation Covalence? Quels sont ses buts?

Véronique Girardet: Issue de la vente d’une entreprise de la famille de mon père, spécialisée dans la fabrication de cadrans de montres, la fondation Covalence a été cofondée en 2010 par moi, mon époux Blaise et nos deux filles. Après réflexion, nous avons choisi de nous engager dans le domaine de l’éducation et de la formation, qui constituent des moteurs importants de développement et de changement.

Compte tenu de l’existence de nombreuses ONG spécialisées, nous avons décidé de ne pas créer une structure pour mener nos propres projets. Dès lors, il a fallu trouver des partenaires fiables selon les critères que nous avons élaborés avec l’aide d’une personne compétente. Petit à petit, des contacts ont été établis avec des organisations qui ont une référence en Suisse ou en Europe. Actuellement nous collaborons avec plusieurs partenaires, dont une organisation à Madagascar, une autre qui suit le développement d’une école au Cambodge, une troisième qui mène des projets à dimension écologique et KASA en Arménie.

Monique Bondolfi, présidente de KASA et Véronique Girardet (Crédit photo: kasa.am)

A.: Comment avez-vous découvert KASA?

V. G.:Nous avons commencé notre partenariat avec KASA en 2011. J’avais rencontré Monique Bondolfi dans le cadre de l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) de Genève où elle donnait des cours. En 2003, mon mari et moi avons découvert l’Arménie lors d’un voyage avec KASA. Sur place, nous avons été impressionnés par les projets intéressants et les équipes de KASA, composées de jeunes femmes très curieuses, ouvertes et demandeuses de contacts. Nous avons resserré nos liens avec Monique et suite à un deuxième voyage en 2009 avons commencé à discuter des possibilités d’un partenariat avec KASA.

A.:Quels sont les projets de KASA que vous soutenez?

V. G.: Nous avons commencé par le projet E-Learning qui était mis en avant par Anahit Minassian, directrice de KASA de l’époque. Elle nous expliquait que la formation à distance était absolument indispensable pour le développement des régions, pour permettre aux habitants des provinces d’avoir accès à l’éducation. Pour moi, c’était assez abstrait, mais j’ai accepté la proposition sur la base de la confiance que j’avais en Monique et Dario Bondolfi ainsi qu’en Anahit.

KASA a été pionnière pour promouvoir la formation à distance en Arménie, en participant d’abord à la traduction en arménien de Moodle, l’une des plateformes de formation en ligne les plus répandues.

Le premier module de E-Learning a été créé pour la formation des guides touristiques. C’était une période où le tourisme commençait à se développer en Arménie et il manquait de guides de qualité.

Très rapidement cet outil a été utilisé dans un autre projet autour de la citoyenneté, qui a démarré avec l’ambassade suisse et continue actuellement avec le partenariat de l’organisation Brot für die Welt (Pain pour le monde) des églises allemandes. Le but du programme Jeunes Citoyens* est d’encourager les jeunes à développer leur conscience civique et favoriser leur participation à la solution des problèmes de leurs communautés. C’est un projet signifiant et très porteur parce qu’il amène les jeunes à prendre conscience de leurs potentialités. À travers des cours en ligne, des jeux éducatifs et des manuels,

Jeunes Citoyens (Crédit photo: kasa.m)

KASA assure la formation des participants à la conduite de projets, les aide à identifier les problèmes les plus urgents de leurs communautés et les accompagne par le biais de mentors pour assurer la réalisation efficace des objectifs du projet. Ainsi les jeunes deviennent des citoyens actifs, susceptibles d’apporter des changements positifs dans leurs communautés.

Il existe un autre projet qui a démarré il y a 2 ans. Il s’agit de l’entrepreneuriat social qui me tient beaucoup à cœur. J’aimerais le promouvoir parce que je pense que dans la situation actuelle il est très important pour les Arméniens de pouvoir être des acteurs et de contribuer au développement de leurs communautés. J’ai vu des exemples fantastiques à dimension sociale. Je pense notamment à une psychologue qui, suite à une réflexion sur sa vie durant le Covid, a décidé de monter des ateliers de couture dans un village de la région de Shirak avec des femmes en situation de précarité. Le résultat a été si positif qu’elle souhaite maintenant agrandir son entreprise.

A.: Quel bilan tirez-vous de votre partenariat avec KASA?

V. G.: Les choses évoluent rapidement en Arménie et KASA adapte ses projets en fonction des besoins. Les cours de formation à distance ont aussi beaucoup évolué. Après le Covid et la guerre, le nombre de personnes intéressées par la formation des guides touristiques a diminué. Mais la Fondation a commencé à développer un tourisme local notamment à Gumri et a continué de la sorte à former des guides. J’admire cette capacité à s’adapter et à rebondir.

Actuellement la formation à distance est devenue un outil incontournable dans tous les projets éducatifs de KASA. En 2021, une nouvelle plateforme a été lancée conjointement par KASA et la fondation Paradigma. Initiée avec 20 vidéos sur Facebook Live, la chaine Imastuni aborde des questions d’éducation, d’identité, d’inclusion, de nouvelles méthodologies, du rôle pédagogique de l’art et de la culture, de références philosophiques. Par le biais de cette chaine les éducateurs peuvent bénéficier d’un espace et d’un outil de réflexion professionnelle à travers des webinaires thématiques mensuels.

Le programme Jeunes Citoyens permet aux participants de développer leur sens d’initiative et leur esprit critique. L’automne passé nous avons eu l’occasion de rencontrer quelques-uns de ces jeunes qui nous ont impressionnés par l’attachement très fort qu’ils portent à leur pays.

Ce qui me plaît chez KASA c’est que les différents axes s’articulent bien les uns avec les autres. Ils ont gardé une dimension humanitaire à cause de la réalité des familles qui se trouvent dans la précarité. Pendant la guerre de 44 jours, tous les projets étaient suspendus pour se concentrer sur l’accueil et l’hébergement des réfugiés qui arrivaient de l’Artsakh.

A. Existe-t-il des similitudes entre les projets que vous soutenez en Arménie et dans d’autres pays?

V. G.: C’est intéressant, il y a des thématiques qui se retrouvent. Les réalités sont très différentes d’un projet à l’autre mais elles nous permettent d’avoir une vision plus globale qui peut nous donner des idées et créer des synergies. Pour nous, c’est fantastique d’être en lien avec des gens éminemment positifs et motivés, qui peuvent déplacer les montagnes. Cela nous donne beaucoup d’énergie.

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(*) Dans le cadre de ce programme, au cours des 3 dernières années, 26 groupes de jeunes ont été créés dans différentes communautés, 72 jeunes ont été formés en tant que leaders et 2600 jeunes ont développé leurs connaissances dans le domaine de l’innovation sociale (source: www.kasa.am)

2023-03-12T18:17:32+01:00 12.03.23|ARMÉNIE & ARTSAKH, GÉNÉRAL, INTERVIEWS, SUISSE-ARMÉNIE|