par Arminé TAVITIAN
Si je prends la plume aujourd’hui, c’est au nom de ma Mayrik, décédée le 24 mai 2021. C’est une démarche personnelle qui n’engage que moi mais que j’estime lui devoir, elle qui fut un membre très actif de notre communauté.
Comme dit le proverbe, les paroles s’envolent, les écrits restent.
Ma sœur, moi-même, nos maris et nos enfants avons reçu de très nombreux, sincères et émouvants témoignages de soutien. Cela nous réchauffe le cœur d’entendre et de lire combien elle a marqué la vie de membres de cette communauté et même en dehors de celle-ci.
Durant toute sa vie, notre Maman a démontré sa noblesse de cœur, a défendu ses opinions avec vigueur et conviction et je pourrais ajouter, toujours avec classe et en restant polie.
Elle ne faisait pas les choses à moitié et certainement pas en attendant de recevoir un quel-conque remerciement, ce qui devrait nous ins-pirer tous.
Elle a donné de son temps et de son argent pour soutenir les plus défavorisés, arméniens ou pas. Elle s’intéressait sincèrement à eux en leur téléphonant, leur rendant visite, les soutenant dans leurs dé-marches administratives, etc. Et rien, ni personne n’aurait pu l’empêcher de le faire.
Dès son arrivée en Suisse, en 1951, à l’âge de 15 ans, voulant préserver sa profonde arménité, elle a intégré différentes associations arméniennes.
Elle a fait partie d’une chorale, de la jeunesse arménienne et ce fut le début d’un engagement qu’elle maintiendra jusqu’à la fin de sa vie, au sein ou hors d’un comité.
Elle a notamment œuvré au sein du Comité des Dames de l’Église, a été la directrice de la troupe de danse ANI, une des co-fondatrices du journal Artzakank, membre active de l’UAS, engagée auprès de KASA. Elle a également collaboré avec la Fondation Philippossian, a activement participé à plusieurs Salons du Livre, a participé à l’organisation de plusieurs commémorations du génocide, …. Et je ne parle pas de la kermesse annuelle organisée par le Conseil de l’Eglise, où, durant de très nombreuses années vous pouviez la voir au stand de caviar / vodka, d’abord avec Nunik Oulevey et Elisabeth Sarkissian, puis avec ma sœur et moi.
Lorsqu’elle faisait partie du Comité des Dames de l’Église, elle a proposé que les membres du comité rendent visite aux personnes hospitalisées ou malades pour les soutenir moralement.
Sa dernière sortie officielle eut lieu en novembre 2017, lorsqu’elle reçut un prix de la Ministre de la Diaspora pour son engagement. J’ai envie de dire, qu’il était temps, surtout que la maladie d’Alzheimer avait déjà frappé à sa porte depuis plusieurs mois!
Nous sommes fières d’avoir eu une telle Maman pour qui, seule la richesse du cœur comptait et qui écrivit cette phrase en décembre 2017, «Fermez les yeux pour mieux voir au fond de soi l’amour qu’on éprouve pour les autres car sans amour, la vie ne vaut rien.»
J’aimerais ici remercier les très nombreuses personnes, amis, élèves, qui ont rendu un bel hommage à notre Maman par leur présence, leur message, leur don ou des fleurs. Je remercie également Artzakank et tous ses membres, plus particulièrement sa présidente, pour leur gentil-lesse, leur soutien et leur faire-part de décès, ainsi que Luc Baghdassarian, si cher à notre cœur, qui nous a soutenues tel un grand frère et qui a rendu un vibrant hommage à Maman lors de la cérémonie funéraire. Permettez-moi également de mentionner l’initiative d’un fidèle ami de Maman, Ara Petrossian (papa de Miniona), qui nous a beaucoup touchée. Il a en effet organisé une messe en sa mémoire, à Erevan, le même jour et à la même heure que la cérémonie à Genève.
A contrario, je tiens à manifester ma surprise, ou devrais-je plutôt dire ma déception quant au silence de nombreuses associations de notre communauté.
C’est une bien triste constatation eu égard à son grand dévouement et à sa loyauté pour notre communauté et pour notre chère Hayastan.
On est riche de ce que l’on donne et non pas de ce que l’on possède. Ma sœur et moi-même ainsi que nos familles sommes par conséquent des millionnaires car notre petite Mayrik nous a tant donné avec son Amour. Elle nous a montré la voie du cœur.
Elle s’est envolée près des étoiles et veille sur nous aujourd’hui.
