15 QUESTIONS ET RÉPONSES CONCERNANT LE CONFLIT DU KARABAKH

Q1: Quelles sont les origines du conflit de l’Artsakh?

Tout au long de son histoire, l’Artsakh a été une région peuplée essentiellement d’Arméniens. Pendant le Moyen Age, elle a conservé son autonomie sous le contrôle de la noblesse arménienne locale tout en étant soumise à l’Empire perse. Au début des années 1800, l’Empire russe a conquis le territoire (à l’époque connu sous le nom de Khanat du Karabakh) et a mis en œuvre plusieurs réformes administratives territoriales. En 1860, l’Artsakh est passé sous le gouvernorat de Yelizavetpol, qui comprenait également la région arménienne de Syunik. Le gouvernorat dans son ensemble était d’une composition ethnique mixte, les Arméniens et les Tatars étant les deux groupes les plus importants.

Lorsque les premiers affrontements ont eu lieu entre les Arméniens et les Tatars en 1905-1906, l’administration russe les a utilisés pour détourner l’attention de la population des sentiments anti-impérialistes.

À l’automne 1917, après la montée au pouvoir des bolcheviks et le déclenchement de la guerre civile en Russie, la Transcaucasie fut coupée au niveau politique du reste des territoires de l’État russe. Dans ces conditions, le Commissariat transcaucasien prit le contrôle de la Transcaucasie et en février 1918, convoqua le Sejm (parlement) transcaucasien dont le but était de déterminer l’organisation du gouvernement et de former les autorités de la région. Le Sejm fut de courte durée, et entre le 26 et le 28 mai 1918, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie déclarèrent leur indépendance.

Après l’indépendance de la Géorgie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie en 1918, deux principes de base ont été appliqués pour résoudre les problèmes de frontières: adopter les frontières des anciennes divisions administratives russes et tracer de nouvelles frontières en tenant compte de la démographie locale. Seule la partie arménienne était favorable à une démarcation selon le principe ethnique, ce qui a ensuite provoqué des conflits dans les régions peuplées d’Arméniens de Lori, Javakhk, Nakhitchevan, Zangezur et Karabakh.

 

Q2: Quel était le statut du Haut-Karabakh de 1918 à 1920?

En 1918, les Arméniens du Karabakh ont mis en place le Conseil des commissaires, premier gouvernement démocratique sur le territoire. En 1918-1920, le Karabagh avait tous les éléments d’un État, y compris une armée et des autorités légitimes. En 1918, le commandement turc a lancé un ultimatum au gouvernement du Karabakh pour qu’il accepte la souveraineté azerbaïdjanaise. Les Arméniens du Karabakh ont maintenu leur résistance jusqu’à ce que l’Empire ottoman se rende aux puissances alliées et se retire de la Première Guerre mondiale fin octobre 1918. Plus tard, un commandement britannique est venu occuper la région. Après plusieurs tentatives, les Anglais finirent par convaincre les Arméniens du Karabakh d’accepter Khosrov bey Sultanov comme gouverneur temporaire jusqu’à ce que les frontières définitives puissent être fixées par la Conférence de paix de Paris. Cependant, la décision fut renversée en quelques jours, car l’arrivée de Sultanov fut suivi immédiatement de massacres d’Arméniens.

Pendant ses deux années d’existence, le gouvernement du Karabakh a organisé dix congrès qui ont tenté de résoudre diverses questions concernant la vie quotidienne et l’autodéfense du peuple de l’Artsakh. Tous les congrès tenus entre 1918 et 1920 ont rejeté la demande d’inclure l’Artsakh en Azerbaïdjan, à l’exception du septième congrès, qui a décidé de placer temporairement l’Artsakh dans les frontières de l’Azerbaïdjan jusqu’à la tenue de la Conférence de Paix de Paris. Cette décision a toutefois été infirmée par la suite en raison de la tentative d’invasion militaire de Sultanov. Des faits bien documentés confirment incontestablement que la population du Karabakh n’a pas reconnu l’autorité de l’État azerbaïdjanais au cours de la période 1918-1920.

Cependant, après avoir établi le régime soviétique sur le territoire de l’Azerbaïdjan le 28 avril 1920, l’Armée rouge a occupé le Karabakh et l’a déclaré territoire contesté. Le 30 novembre 1920, le gouvernement de l’Azerbaïdjan soviétique a publié une déclaration, et le président du Comité révolutionnaire azerbaïdjanais (Azrevkom) Nariman Narimanov, ainsi que le commissaire du peuple azerbaïdjanais aux affaires étrangères Mirza Huseynov ont déclaré que les différends territoriaux avec l’Arménie étaient abrogés. En conséquence, le Haut-Karabakh, le Zangezour et le Nakhitchevan ont été reconnus comme faisant partie intégrante de l’Arménie soviétique.

 

Q3: Comment le Haut-Karabakh est-il tombé sous la domination de l’Azerbaïdjan soviétique ?

Le 3 juin 1921, le Bureau caucasien du Parti communiste russe a adopté à l’unanimité une décision « de mentionner dans la déclaration du gouvernement arménien que le Haut-Karabakh appartient à l’Arménie ». Le 12 juin de la même année, un décret affirmant le statut juridique définitif des territoires comme faisant partie de l’Arménie soviétique a été publié par le gouvernement de la RSS d’Arménie. La nouvelle a également été publiée à Bakou, et le peuple et les autorités d’Azerbaïdjan ont confirmé l’unification du Karabakh avec l’Arménie. Un mois plus tard, le 4 juillet, la session plénière du Bureau du Caucase (Kavburo) a décidé « d’inclure le Haut-Karabakh dans l’Arménie soviétique ».

Cependant, le lendemain, en raison de l’intervention de Staline, le Karabakh – dans ses frontières historiques et géographiques – a été remis à l’Azerbaïdjan soviétique, offrant une « large autonomie régionale » avec Chouchi comme centre administratif. Pour apaiser les tensions au sein de la communauté arménienne, la partie montagneuse du territoire a ensuite obtenu le statut de Région autonome (Oblast) du Haut-Karabakh (RAHK).

 

Q4 : Comment les sept districts du Haut-Karabakh ont-ils vu le jour ?

Le processus d’intégration du Haut-Karabakh dans l’Azerbaïdjan s’est achevé en 1924. Pendant cette période, l’Azerbaïdjan a lancé la politique de partition du Karabakh. Les autorités azerbaïdjanaises ont tenté de créer une zone tampon entre l’Arménie et le Haut-Karabakh; elles ont donc établi une unité administrative autonome, connue sous le nom de « Kurdistan rouge ». Par la suite, la décision d’avoir une région autonome kurde séparée a été annulée. Le « Kurdistan rouge » a été réorganisé, passant d’une unité autonome à plusieurs districts qui relevaient directement de la juridiction de la RSS d’Azerbaïdjan – ne faisant pas partie de la RAHK.

Plus tard, les districts de Kelbajar (Karvachar), Lachin (Berdzor), Kubatli (Sanasar) et Zangelan (Kovsakan) ont été établis entre l’Arménie et le Karabakh. En outre, les districts de Jabrayil (Jrakan), Fizuli (Varanda) et Agdam (Akna) ont également été créés. Le district de Shahumyan était un autre district directement contrôlé par Bakou; il se trouvait directement au nord de la RAHK et avait une population à majorité arménienne mais n’était pas inclus dans la RAHK. Néanmoins, sa population a également exprimé la volonté de s’unir à l’Arménie en tandem avec le Karabakh en 1991.

 

Q5 : Comment l’Azerbaïdjan soviétique a-t-il traité le Haut-Karabakh ?

À l’époque soviétique, en raison de la politique ciblée des autorités azerbaïdjanaises, la proportion de la population arménienne au Haut-Karabakh n’a que légèrement augmenté. De 1926 à 1989, la population arménienne de la RAHK est passée de 111 700 à 145 500, tandis que la population azerbaïdjanaise a triplé, passant de 12 600 à 40 000. L’évolution démographique, en général, reflétait la situation dans les domaines social, économique et culturel, qui s’inscrivait dans la continuité de la politique des autorités azerbaïdjanaises consistant à porter atteinte aux intérêts du peuple arménien et à le « chasser » de la région.

Cependant, c’est la ségrégation dans la sphère nationale et culturelle qui s’est répercutée le plus fortement dans la conscience de masse des Arméniens. Parmi les nombreuses églises arméniennes situées sur le territoire de la RAHK, aucune n’était autorisée à fonctionner, tandis que les mosquées fonctionnaient pour répondre aux besoins spirituels de la population azerbaïdjanaise. L’arménien, en tant que langue, était pratiquement censuré de l’usage officiel. Le nombre d’écoles arméniennes était réduit chaque année; il n’y avait pratiquement pas de manuels scolaires en arménien, car il était interdit d’utiliser les manuels publiés en Arménie. Les manuels d’histoire – en particulier de l’histoire arménienne – compilés par des auteurs azerbaïdjanais contenaient des récits déformés qui heurtaient les sentiments d’identité nationale des Arméniens.

L’année 1965 est considérée comme une année de réveil national dans la RSS d’Arménie, en termes de discussion des questions taboues sur le génocide des Arméniens.  En Artsakh, un mouvement parallèle s’est produit, malgré ses manifestations plus douces. En particulier, le monument culturel « Nous sommes nos montagnes » a été créé en 1965 et est rapidement devenu le symbole de l’identité et de l’unité nationales. L’année suivante, un groupe de communistes de l’Artsakh a signé une lettre adressée aux dirigeants soviétiques, soulignant les politiques économiques discriminatoires menées par la RSS d’Azerbaïdjan, tout en se référant à l’histoire séculaire de l’Artsakh. Des tentatives similaires pour établir des ponts historiques entre le passé et le présent ont également eu lieu en 1972 et 1975 ; toutefois, aucune tentative n’a abouti car elles ne correspondaient pas aux priorités politiques soviétiques.

 

Q6 : Pourquoi certains toponymes du Haut-Karabakh ont-ils des noms non arméniens?

Il y a deux raisons principales pour lesquelles les régions peuplées essentiellement d’Arméniens ont renommé leurs toponymes à la fin du Moyen Âge. Le territoire de l’Arménie orientale, avant d’être conquis par l’Empire russe, était sous la domination de la Perse. Les dirigeants perses ont accordé aux princes arméniens de l’Artsakh, les méliks, le droit à l’autonomie sur leurs territoires, et ces derniers devaient reconnaître la domination du Shah en retour.

Avant de faire partie de l’Empire russe, le Karabakh a était organisé en khanat, avec un khan musulman servant d’intermédiaire entre les meliks et le Shah. Ainsi, la première raison des changements de toponymes a été la domination musulmane au cours de laquelle des noms non arméniens ont été attribués aux localités. La deuxième raison était liée à la domination russe. La population arménienne était bilingue, tandis que la population musulmane ne parlait que sa langue maternelle, le turc. Pendant la domination russe, les noms des localités étaient enregistrés dans les recensements russes et les registres fiscaux en langue turque afin d’être compréhensibles pour tout le monde dans la région.

 

Q7 : Comment le Haut-Karabakh a-t-il acquis son indépendance et sur quelle base juridique ?

Inspiré par les politiques de perestroïka (restructuration) et de glasnost (transparence / ouverture) de Gorbatchev, le 20 février 1988, une session spéciale du Soviet des députés du peuple de la RAHK a adopté une décision de faire appel aux Soviets suprêmes de la RSS d’Azerbaïdjan et de la RSS d’Arménie. La décision visait à « démontrer un sens de compréhension profonde des aspirations de la population arménienne du Haut-Karabakh et résoudre la question du transfert de la RAHK de la RSS d’Azerbaïdjan à la RSS d’Arménie ». En réponse à l’expression démocratique de la volonté des Arméniens du Haut-Karabakh, du 27 au 29 février, des massacres de la population arménienne ont été organisés dans la ville azerbaïdjanaise de Soumgaït, qui ont été suivis de meurtres, de viols, de pogroms et de pillages. Après Soumgaït, une vague de pogroms a balayé tout le territoire de l’Azerbaïdjan, y compris Bakou et Kirovabad (aujourd’hui Gandzak).

Le 30 août 1991, le Soviet suprême de l’Azerbaïdjan a adopté une déclaration sur le rétablissement de l’indépendance de l’État de la République azerbaïdjanaise en tant que successeur de la République démocratique d’Azerbaïdjan, qui avait existé de 1918 à 1920. Le 2 septembre 1991, sur la base de l’article 3 de la loi de l’URSS sur « les procédures de résolution des problèmes relatifs à la sécession d’une République de l’Union de l’URSS », une session conjointe des députés de tous les niveaux de la RAHK et de la région de Shahumyan a proclamé l’indépendance de la République du Haut-Karabakh (RHK). La déclaration souligne en particulier l’expression de la « volonté du peuple, manifestée par le référendum proprement dit et consacrée dans les décisions des autorités de la RAHK et de la région de Shahumyan de 1988 à 1991, son désir de liberté, d’indépendance, d’égalité et de bon voisinage“.

Quelques jours seulement avant l’effondrement officiel de l’Union soviétique le 26 décembre 1991, le 10 décembre, un référendum a été organisé dans le Haut-Karabagh avec une majorité écrasante de la population (99,98%) qui s’est prononcée en faveur de la pleine indépendance de l’Azerbaïdjan. Le 28 décembre, des élections parlementaires ont eu lieu dans la RHK, qui a alors formé le premier gouvernement. La population azerbaïdjanaise de la RHK a refusé de participer au référendum, soutenant plutôt l’agression déclenchée par les autorités azerbaïdjanaises contre  l’Artsakh en y prenant une part active.

 

Q8 : Comment la guerre d’indépendance du Haut-Karabakh s’est-elle déroulée et terminée ?

Le gouvernement indépendant de la RHK a continué à travailler dans les conditions d’un blocus total, d’une guerre et d’une agression déclenchée par l’Azerbaïdjan. Utilisant les armes de la 4e armée de l’URSS basée sur son territoire, l’Azerbaïdjan s’est engagé dans des opérations militaires à grande échelle contre le Haut-Karabakh. Comme il est bien connu, la guerre s’est poursuivie avec plus ou moins de succès de l’automne 1991 à mai 1994. Il y a eu des moments où près de 50% du territoire du Haut-Karabakh a été capturé, tandis que la capitale Stepanakert et d’autres zones résidentielles ont été soumises sans relâche à des bombardements aériens et d’artillerie massifs.

Les forces de défense de la RHK ont pu libérer la ville de Chouchi en mai 1992 et ouvrir un corridor vers la région de Lachin, créant ainsi une opportunité de reconnecter la RHK à l’Arménie, brisant le blocus qui durait depuis des années. En juin-juillet 1992, l’armée azerbaïdjanaise a capturé toute la région de Shahumyan de la RHK, ainsi que des parties des régions de Martakert, Martuni et Hadrut. Pour résister à l’agression azerbaïdjanaise, la vie dans la RHK s’est entièrement concentrée sur l’effort militaire. Le Comité de défense de l’État de la RHK a été formé le 14 août 1992. Des détachements de défense séparés ont été reconfigurés, formant l’Armée de défense du Haut-Karabakh, basée sur les principes de discipline et d’une chaîne de commandement central.

L’Armée de défense de la RHK a réussi à libérer de l’Azerbaïdjan les territoires précédemment occupés et, au cours des engagements militaires, a pris le contrôle de quelques régions limitrophes de la RHK qui avaient été utilisées comme lignes de tir. La création de cette zone de sécurité a permis d’écarter la menace immédiate qui pesait sur la population de la RHK. Grâce à la médiation de la Russie, du Kirghizstan et du Conseil interparlementaire de la CEI, l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh et l’Arménie ont signé le protocole de Bichkek dans la capitale du Kirghizstan le 5 mai 1994. Selon ce document, les parties au conflit ont convenu d’un cessez-le-feu, effectif à partir du 12 mai 1994.

 

Q9 : Quelle organisation a le mandat légal de faciliter le processus de paix ?

En mars 1992, la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe (connue depuis 1995 sous le nom d’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, OSCE) s’est jointe au processus de règlement du conflit. En 1997, l’institut de coprésidence de la Russie, de la France et des États-Unis du Groupe de Minsk de l’OSCE a été créé. Depuis lors, il s’agit du seul format convenu, avec le mandat de l’OSCE, pour mener des activités de médiation en vue du règlement pacifique du conflit du Karabakh. Le Groupe de Minsk, qui comprend les États-Unis, la Russie, la France, la Biélorussie, l’Allemagne, l’Italie, la Suède, la Finlande, la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, reste la principale plate-forme de négociation.

 

Q10 : Est-il vrai que l’Arménie ne respecte pas les quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptées en 1993, comme le prétend l’Azerbaïdjan ?

Non, il s’agit d’un exemple de déformation des faits et de manipulation du contenu des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU). C’est aussi une manifestation de manque de respect envers les Nations Unies et ses pays membres. Voici les principales conclusions de ces résolutions. D’avril à novembre 1993, le CSNU a adopté quatre résolutions (N. 822, 853, 874, 884), visant à faire cesser les combats au Karabakh et à désamorcer la situation. Ces résolutions sont contraignantes ; par conséquent, avant que l’Azerbaïdjan n’accuse les parties arméniennes de ne pas les suivre, l’Azerbaïdjan doit s’y conformer. Voici quelques points qui demeurent négligés par l’Azerbaïdjan.

  • La première résolution (822) du CSNU « exige la cessation immédiate de toutes les hostilités et de tous les actes hostiles en vue d’établir un cessez-le-feu durable ». D’avril 1993 à mai 1994, et depuis 2008, l’Azerbaïdjan n’a cessé de violer le régime de cessez-le-feu, empêchant l’émergence et le développement du processus de résolution du conflit ainsi que des mesures de confiance.
  • Les résolutions du CSNU ne font pas référence à l’implication de l’armée arménienne dans le conflit du NK; elles ne mentionnent que les « forces arméniennes locales », c’est-à-dire l’armée de défense du Haut-Karabakh, affirmant qu’il s’agit d’un conflit d’une population locale.
  • La résolution N. 853 du CSNU de juillet 1993 reconnaît les Arméniens du Karabakh comme une « partie ». La communauté internationale exige que l’Azerbaïdjan s’assoie avec les Arméniens du Karabakh. L’Azerbaïdjan n’a pas adhéré à ce document contraignant.
  • En s’impliquant directement dans le conflit du Karabakh, la Turquie viole l’article 10 de la résolution N. 853 du CSNU, qui demande aux États de s’abstenir de fournir des armes et des munitions aux parties en conflit.
  • L’article 8 de la résolution N. 874 du CSNU soutient le développement de la mission de surveillance de l’OSCE. L’Azerbaïdjan n’adhère pas aux résolutions juridiquement contraignantes et insiste constamment pour changer le format des négociations en engageant la Turquie.
  • Le blocus azerbaïdjanais contre l’Arménie et le Haut-Karabakh reste en vigueur, violant ainsi l’article 5 de la résolution N. 874 du CSNU, qui appelle à la suppression de tous les obstacles aux communications et aux transports.
  • L’article 10 de la résolution N. 874 du CSNU et l’article 6 de la résolution N. 884 du CSNU invitent « tous les États de la région à s’abstenir de tout acte hostile et de toute ingérence ou intervention qui conduirait à l’aggravation du conflit et compromettrait la paix et la sécurité dans la région“.

Ainsi, le soutien inconditionnel et global de la Turquie à l’Azerbaïdjan viole gravement les résolutions mentionnées ci-dessus.

 

Q11 : Quelles étaient les principales approches de la résolution du conflit proposées par le groupe de Minsk de l’OSCE ?

Entre 1997 et 1998, l’OSCE a examiné plusieurs propositions de résolution du conflit. L' »approche globale » suppose que toutes les questions controversées doivent être résolues en même temps et sans délai. Le règlement global du conflit comprend le retrait des forces des territoires sous contrôle arménien, des garanties de sécurité, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, l’introduction de liens commerciaux et de communication et le déploiement de soldats de la paix internationaux. Le statut du Haut-Karabakh sera déterminé après la mise en œuvre de ces mesures. Avant la mise en œuvre de toutes les mesures susmentionnées, le Haut-Karabakh se verra accorder un statut intérimaire et une autonomie reconnus au niveau international, mais sera considéré comme le territoire de l’Azerbaïdjan.

L’approche « étape par étape » est mise en place car elle suppose que les forces arméniennes devraient d’abord se retirer des territoires acquis (à l’exception de Lachin) et seulement après passer à la discussion sur le statut politique du Haut-Karabakh. Cependant, l’absence de garanties de sécurité et le report de la détermination du statut sont les principaux obstacles qui provoquent le mécontentement du Haut-Karabakh et la partie arménienne.

L’approche de l' »État commun » proposait de déterminer le statut du Haut-Karabakh en tant qu' »État et entité territoriale sous la forme d’une République, qui constitue un État commun avec l’Azerbaïdjan à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues ». Cette solution consistait à créer des liens horizontaux entre le Haut-Karabakh et l’Azerbaïdjan, en introduisant un système fédéral, similaire à celui de la Bosnie-Herzégovine. L’Azerbaïdjan a rejeté cette proposition en affirmant qu’il accorde de facto l’indépendance au Haut-Karabakh.

 

Q12 : Quelles mesures concrètes le Groupe de Minsk de l’OSCE a-t-il prises pour concilier les désaccords entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ?

Depuis 1999, le processus de résolution du conflit du Haut-Karabakh s’est déroulé par le biais de réunions des présidents et d’autres représentants officiels de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, ainsi que par des visites des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE à Stepanakert, Bakou et Erevan. Le 26 janvier et les 4 et 5 mars 2001, deux cycles de négociations ont eu lieu entre le président arménien Robert Kocharyan et le président azerbaïdjanais Heydar Aliyev à Paris, avec la participation du président français Jacques Chirac. La réunion de Paris a été suivie par des négociations entre les présidents arménien et azerbaïdjanais à Key West, en Floride, du 3 au 7 avril 2001. Toutefois, aucun résultat concret n’a été obtenu lors de ces négociations. Les accords conclus à Key West n’ont pas été réalisés, principalement en raison de leur rejet ultérieur par le président Heydar Aliyev.

Le 29 juin 2007, lors du Conseil des ministres des affaires étrangères de l’OSCE à Madrid, le texte des principes de base pour le règlement du conflit (appelés par la suite « les principes de Madrid ») a été officiellement transmis aux ministres des affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Le 10 juillet 2009, les présidents des États coprésidant le Groupe de Minsk de l’OSCE (Russie, France et États-Unis) ont adopté une déclaration commune lors du sommet du G8 à L’Aquila, en Italie, révélant les principales notions proposées par les médiateurs sur les principes de base d’un règlement. Des déclarations similaires ont été adoptées par les présidents de la Russie, de la France et des États-Unis lors des sommets du G8 à Muskoka (Canada) le 26 juin 2010, à Deauville (France) le 26 mai 2011, à Los Cabos (Mexique) le 18 juin 2012 et à Enniskillen (Irlande du Nord) le 18 juin 2013.

Après la première déclaration commune des États coprésidant le Groupe de Minsk de l’OSCE (L’Aquila, 2009), le ministre des affaires étrangères de la République du Haut-Karabakh a fait une déclaration le 17 juillet 2009, soulignant la nécessité de relancer le processus de négociation déformé, de faire de la RHK une partie à part entière des négociations et de transformer les principes de base du règlement. La position de la République du Haut-Karabakh reste inchangée.

 

Q13 :Quel a été le rôle de la Russie dans le processus de résolution du conflit ?

Tant pendant le conflit qu’après le cessez-le-feu en 1994, la Russie a joué un rôle déterminant dans le conflit. Toutefois, sa participation plus active s’est manifestée entre 2008 et 2011, lorsque le président russe Dmitri Medvedev s’est largement investi pour organiser des réunions trilatérales avec les présidents de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. En trois ans, neuf sommets trilatéraux ont eu lieu. Grâce aux efforts de Medvedev, pour la première fois depuis 1994, les présidents Sargsyan et Aliyev ont adopté une déclaration commune dans le château de Meyendorff, non loin de Moscou, en novembre 2008. Cette déclaration visait à lancer un certain nombre de mesures de confiance pour améliorer la sécurité dans la région. L’implication active de M. Medvedev dans le processus de négociation devait donner des résultats tangibles en juin 2011, lorsqu’il a invité les deux présidents à Kazan pour signer le document sur les principes de base. Cependant, malgré les espoirs et les assurances de M. Medvedev et la pression de la communauté internationale, les dirigeants n’ont pas réussi à s’entendre sur les principes négociés précédemment. Selon différents témoignages, au cours de la réunion, M. Aliyev a présenté une dizaine de réserves et de conditions pour reprendre les négociations et signer les principes de base. Le processus s’est arrêté et la communauté internationale est devenue profondément sceptique quant aux perspectives de résolution du conflit.

Depuis la réélection de Vladimir Poutine à la présidence de la Russie, ce dernier a répété à plusieurs reprises que la Russie soutiendrait tout accord auquel les parties pourraient parvenir. Cependant, les positions des parties sont devenues de plus en plus difficiles à concilier et le rôle de la Russie est devenu de servir de « pompier » en ne permettant pas de grandes flambées sur la ligne de contact. En avril 2016, la Russie a servi de médiateur pour négocier le cessez-le-feu pendant les quatre jours d’escalade du conflit (2-5 avril).

 

Q14 : Comment la guerre a-t-elle influencé la construction de l’État de l’Artsakh ?

Malgré la guerre, le Haut-Karabakh n’a jamais cessé son processus d’édification de l’État. De 1991 à 2020, la RHK a organisé six élections présidentielles et sept élections législatives, ainsi que trois référendums. À chaque fois, les élections se sont déroulées selon les normes internationales dans une atmosphère transparente, libre et équitable. Le transfert du pouvoir s’est fait à chaque fois de manière pacifique. Outre les conditions sociales de la population et le renforcement des institutions publiques et du gouvernement local, l’Artsakh a également travaillé à l’amélioration de ses relations extérieures. Depuis 2012, neuf États américains (Californie, Rhode Island, Massachusetts, Michigan, Géorgie, Hawaï, Maine, Louisiane et Colorado), les conseils municipaux d’Alfortville, Limonest, Vienne en France, les villes italiennes de Milan, Cerchiara di Calabria et Palerme, le conseil municipal de Glendale, le conseil municipal des fleurs en Californie, la ville de Fort Lee, New Jersey et l’État australien de Nouvelle-Galles du Sud et en Suisse le Conseil municipal de la Ville de Genève ont soutenu le droit du peuple du Haut-Karabakh à l’autodétermination. Les résolutions adoptées par ces États sont non seulement sans précédent, mais aussi en contradiction avec la politique étrangère de leurs gouvernements fédéraux.

 

Q15 : Quelle est la cause de l’escalade du conflit en 2016 (la guerre d’avril des quatre jours) ?

Le 1er avril 2016, l’Azerbaïdjan a violé de manière flagrante le cessez-le-feu et son engagement à ne pas recourir à la force, pris dans le cadre du processus de paix du Haut-Karabakh sous les auspices des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE. Après le cessez-le-feu de 1994, l’ampleur des actions militaires initiées par l’Azerbaïdjan a été la plus importante. Les forces armées azerbaïdjanaises ont eu recours à une offensive militaire de grande envergure contre le Haut-Karabakh. Ces actions ont été accompagnées d’atrocités contre les militaires et les civils innocents. Il s’agissait essentiellement de la poursuite des massacres et du nettoyage ethnique que l’Azerbaïdjan a commis contre les Arméniens du Haut-Karabakh au début des années 1990.

L’analyse des actions militaires de l’Azerbaïdjan montre également qu’il a adopté une tactique de blitzkrieg et que son offensive visait à obtenir un succès rapide. Bien que les deux parties aient subi des pertes, l’objectif initial a échoué en raison des actions militaires défensives appropriées de la partie arménienne. Le 2 avril 2016, le président arménien de l’époque, Serzh Sargsyan, a tenu une session du Conseil national de sécurité et a annoncé les pertes de la partie arménienne. Contrairement à l’agression de la partie azerbaïdjanaise, Serzh Sargsyan a invité les ambassadeurs de l’OSCE le 4 avril à parvenir à un accord commun sur la cessation des actions militaires. Il a annoncé qu’une nouvelle intensification des opérations militaires pourrait avoir des conséquences imprévisibles et irréversibles, y compris une guerre à grande échelle. Le 5 avril, à l’initiative de la Russie, les chefs d’état-major des armées arménienne et azerbaïdjanaise sont parvenus à un accord verbal à Moscou pour mettre fin aux combats.

 

Source: EVN report. Rédigé par: AUA MPSIA Class of ’21. Version française traduite par DeeplTranslator et post-editée par Swiss hye media, de la Communauté arménienne de Suisse.

La majorité de l’information est fournie par le Ministère des Affaires étrangères de la République d’Artsakh

 

 

2020-11-12T22:52:47+01:00 02.11.20|ARMÉNIE & ARTSAKH, GÉNÉRAL|

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