L’AIDE HUMANITAIRE DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE AUX RÉFUGIÉS D’ARTSAKH

Le lendemain du déclenchement de la guerre contre l’Artsakh, Raffi Garibian, membre actif de notre communauté nouvellement installé en Arménie, proposa spontanément son aide à un ami, qui se trouvait déjà en Artsakh. Il s’agit de Vicken Arabian, un Arménien des États-Unis, né au Liban, rapatrié en Arménie depuis une dizaine d’années. Très engagé en Artsakh dans le développement des infra-structures avec l’aide des ses amis de la diaspora, ce dernier œuvrait entre autres pour la réhabilitation d’un hôpital à Stepanakert. Il demanda alors à Raffi de trouver le financement pour l’achat et l’envoi du matériel médical en Artsakh selon une liste qu’il lui transmit.

C’est ainsi que Raffi Garibian se lance dans une action d’aide d’urgence en Artsakh. Le temps presse et il se voit dans l’obligation de financer lui-même le premier envoi du matériel requis et accompagne le convoi jusqu’à Stepanakert.

« Je suis arrivé le jeudi 1er octobre et le bombardement de Stepanakert a commencé dans la nuit du 2 au 3 octobre. Je me trouvais à l’hôpital qui était en rénovation. Ils ont décidé de descendre les blessés dans les sous-sols. C’était des moments très durs pour moi. Il n’y avait pas d’ascenseur, on transportait les blessés sur des brancards de fortune et les installait sur des lits superposés et dans les couloirs. Il y avait du sang partout. Les blessés arrivaient par vagues, en minibus toutes les 20 minutes et certains mourraient avant même qu’on fasse le tri. » raconte Raffi en ajoutant: « Quand on voit ce que j’ai vu on n’est plus la même personne, on s’engage à fond pour apporter son aide aux victimes de cette guerre. »

Il se trouve encore à Stepanakert, au moment où commence l’exode des familles vers l’Arménie. Sur son chemin de retour le 3 octobre, il voit des files interminables de véhicules transportant des femmes, enfants et personnes âgées qui quittent l’Artsakh, les hommes étant interdits de partir. « C’est là où je me suis rendu compte qu’il y avait un réel besoin d’aider ces personnes déplacées et j’ai commencé à explorer les différentes pistes ». dit-il.

Complètement bouleversé de ce voyage, à peine rentré en Arménie, il prend contact avec la Fondation Armenia à Genève, qui accepte de recevoir des dons destinés à l’aide médicale et humanitaire pour les personnes déplacées d’Artsakh. « Les premiers donateurs étaient mes amis et proches qui ont très vite donné suite à mes appels. Puis, des membres de notre communauté en Suisse mais aussi d’ailleurs ont envoyé leurs dons et nous avons rapidement récolté l’équivalent d’environ CHF 200’000″, explique t-il.

Ses recherches l’amènent d’abord au village d’Ujan, où 120 Artsakhiotes avaient trouvé refuge chez des familles. Il organise le transport et l’hébergement à Erevan d’une famille dont un membre avait besoin de soins médicaux permanents.

« Il faut rappeler que le gouvernement a mis en place un système d’aide financière en faveur des personnes déplacées, avec une hotline permettant de s’enregistrer facilement. Pendant la guerre, les mairies distribuaient également des produits alimentaires », fait-il remarquer.

Puis, un ami le dirige vers un orphelinat désaffecté à Vanadzor où l’on avait installé 180 réfugiés. Il leur apporte des serviettes de bain, de la literie et certains produits alimentaires en complément de ce qui est compris dans l’aide de l’État.

« Après cela, j’ai décidé de travailler de manière indépendante. » indique Raffi Garibian. « J’avais déjà eu quelques contacts avec le bureau du CICR à Erevan. Quand je les ai recontactés ils m’ont dit que l’aide n’arrivait pas en quantités suffisantes à Goris où les besoins étaient très importants. Ils m’ont mis en contact avec Mme Irina Yolyan, maire adjointe de cette ville et c’est ainsi que j’ai commencé à y effectuer des visites hebdomadaires. »

Lors de ses déplacements à Goris, il apporte des serviettes de bain, de la literie, des pantoufles, des chaussures d’hiver pour enfants, des produits d’entretien, des produits d’hygiène pour les réfugiés logés dans des hôtels, ainsi qu’un véhicule de transport, des pneus d’hiver et des bâches pour la mairie. Il collabore avec cette dernière pour dresser la liste des besoins.

Il précise: « Pour mes achats, je privilégie dans la mesure du possible les produits fabriqués en Arménie et je négocie les prix personnellement avec les grossistes à Erevan. Quant aux produits alimentaires frais, je les achète sur place.« 

Plus tard, le ministère arménien du Travail et des Affaires sociales propose à Raffi Garibian le projet de réhabilitation d’un internat à Byureghavan près d’Erevan pour accueillir des réfugiés.

« J’ai engagé des ouvriers pour effectuer des petits travaux de restauration, d’aménagement et de séparation des salles. Puis, j’ai acheté une cinquantaine de lits, des matelas, une cuisinière et des postes téléviseurs. » indique t-il.

En parallèle avec ces projets d’aide aux réfugiés d’Artsakh, Raffi Garibian continue à contribuer au financement de l’aide médicale à l’Artsakh avec les dons reçus sur le compte de la Fondation Armenia. Avec son ami Vicken Arabian et d’autres personnes issues de la diaspora, il vient de fonder une association qui agit dans ce domaine. Les co-fondateurs prennent en charge les frais administratifs et accessoires et veillent personnellement à ce que chaque don arrive à destination.

Dorénavant, Raffi Garibian souhaite se concentrer sur l’Artsakh tout en continuant son aide aux réfugiés qui se trouvent toujours à Goris.

En ce qui concerne les besoins les plus urgents à l’heure actuelle, il est catégorique: « Il faut redonner de l’espoir au peuple d’Artsakh et éviter que ce territoire arménien se vide de sa population arménienne« .

Le 21 décembre 2020, Raffi Garibian a témoigné de ses actions en Arménie et en Artsakh lors d’une rencontre en-ligne organisée par Artzakank et modérée par Alexis Krikorian. Vous pouvez visionner la rencontre en cliquant sur l’image ci-dessous.

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