par Philippe DERSARKISSIAN
Nous sommes à 40 km d’Erevan, en un site grandiose et très imposant à la fois, à l’entrée de la vallée d’Azat.
Des parois rocheuses sur lesquels des croix ont été sculptées, surplombent une église.
L’une de ces croix, dans un métal flamboyant de lumière attire mon regard.
Vous la remarquerez assez vite, à flanc de montagne.
Nous sommes dans un monastère du début du 4ème siècle. Ici donc, une première église fut construite juste au début de la christianisation et Saint-Grégoire l’Illuminateur en est le fondateur.
L’ensemble fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
À l’origine ce monastère s’appelait Ayrivank ou «Le monastère rupestre» et ce monument troglodyte est l’un des plus important d’Arménie.
Il a été construit à même la roche et aussi avec des pierres trouvées sur site. C’est un complexe d’édifices médiévaux et qui selon les historiens marquent même «l’apogée de l’architecture arménienne».
Préalablement à la construction de ce monastère, des moines vivaient ici, dans des cellules, creusées à même la roche et dont l’accès n’était possible qu’avec des cordes ou des échelles.
Mesrop Machtots (362-440) y aurait vécu durant la création de l’alphabet ainsi d’ailleurs que Sahak 1er Parthev (338-439), patriarche de l’église arménienne.
L’ensemble de ce complexe a été édifié entre le 4ème et le 13ème siècles.
La première église rupestre fut construite peu avant 1250 et entièrement creusée dans la roche et son plan est celui d’une croix grecque.
C’est aussi un centre culturel et ecclésiastique, vous découvrirez ici une école, un scriptorium (atelier de moines copistes) et une bibliothèque.
À l’intérieur du monastère, vous trouverez l’église de la grotte d’Avazan et son puits sacré où moult visiteurs viennent boire cette eau de source, naturelle-ment bénite et qui aurait un vrai pouvoir de guérison.
Je décide d’ôter la croix que je porte à mon cou depuis quelques décennies pour la plonger dans cette eau.
Comprenez que tout ceci se passe lors de mon premier voyage en Arménie et que je n’avais pas cette habitude de l’architecture de nos églises. Ici l’endroit était relativement sombre et, en arpentant cette église, je me suis cru subitement comme «éclairé par la Grâce», au point d’avoir un geste de recul, comme une certaine appréhension, en m’approchant de ce rayon de lumière, ouverture qu’avaient su réaliser nos architectes dans le toit de cet édifice, afin que quelques siècles plus tard j’eus cette réaction et que je sois le témoin honteux de ma crédulité: juste miraculeux quelques secondes, cette éclairage zénithal, mais, finalement: N’avait-il pas rempli son œuvre? Ici point de vitraux, la lumière venait d’en haut et je n’étais qu’un occidental à la découverte de son pays d’origine.
Alors j’écrivais plus haut que ce monastère s’appelait à l’origine: Ayrivank et j’imagine que pour beaucoup d’entre vous ce nom n’évoque rien, sans doute parce qu’il a changé au 13ème siècle pour Geghardavank (monastère de la Sainte Lance) et un texte le précise dans un manuscrit arménien de cette époque intitulé: «Les Saintes reliques de Notre Seigneur Jésus Christ»).
Ainsi est-il écrit dans l’évangile de Saint-Jean qu’un soldat romain aurait transpercé le Christ crucifié. Cette lance aurait été apportée en Arménie par l’apôtre Thadée et conservée à Ayrivank appelé désormais Geghardavank à ce moment-là
Et oui, c’était Geghard!
Cette lance fut conservée au monastère durant 500 ans. Elle est toujours visible mais est exposée aujourd’hui, à Etchmiadzin.
Plus que jamais, et à une époque où certains incultes veulent nous affaiblir alors qu’ils ne font que s’avilir: visitez l’Arménie! Nous sommes les dignes représentants de ce passé glorieux.
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